Archives pour la catégorie Extraits d’ouvrages anciens

À propos du monothéisme

vignette« Tout ce que le monde renferme est la propriété du brahme (prêtre); par sa primogéniture et par sa naissance il a droit à tout ce qui existe. » Manava-Dharma-Sastra – Livre I, sloca 99 et suivants.

 

Afin de rendre la lecture plus fluide, nous insérons au début de chaque article des liens de cette série inédite d’une vingtaine d’extraits de plusieurs ouvrages sur l’origine du christianisme et ses rapports avec les anciennes religions de l’Inde, bref une comparaison de la Bible avec les anciens textes sanscrits. C’était l’oeuvre de Louis Jacolliot (1837 – 1890), magistrat français aux Indes au temps de la colonisation.

Si aujourd’hui on met sur le dos des musulmans toutes les atrocités véhiculées par les images télévisuelles, on les stigmatise (les actualités abondent en anecdotes faisant des Arabes des accusés, des coupables parce qu’Arabes !), et par ailleurs on fait tout pour que le clash de civilisations (entre le monde judéo-chrétien et la « barbarie musulmane ») ait lieu, l’Occident dominateur et triomphaliste se rappelle-t-il de temps en temps qu’il n’a, dans son histoire, pas produit de prophète de même dimension que celle de cet Arabe né en Palestine ? Et pourtant cet Occident, à l’initiative de Rome, n’a pas hésité à récupérer la sagesse répandue par cet Arabe nommé Jésus pour en faire une religion qui se veut universaliste. À tel point que l’identité de l’Occident dont certains se réclament aujourd’hui a été forgée par les idées de ce natif palestinien ensuite déformées par l’Église romaine avant de se répandre dans le monde entier. Que l’Occident se retourne contre les descendants des frères de son prophète a quelque chose de malsain. D’un autre côté, on cite toujours le monothéisme parmi les inventions qui font la fierté de l’Occident. Et pour que personne n’oublie cette idée géniale, le grand Attali Jacques a rappelé que c’est le peuple juif, si inventif et si généreux, qui a inventé le monothéisme et a légué la Bible à l’humanité. Si quelqu’un comme Attali a dit une telle chose ça ne peut être que vrai. Il a une immense culture, il connaît tout le monde, tous ceux qui comptent, les mauvaises langues chuchotent qu’il fait partie des maîtres du monde… Il a écrit plein de livres, tout seul, sans jamais plagier personne comme le font des ignorants profiteurs en costume trois-pièces ou comme d’autres qui font écrire leur gloire par des nègres. En tout cas c’est lui qui a béni la candidature de François Hollande aux primaires du PS avant les dernières élections présidentielles en disant que « c’est le meilleur d’entre nous… ». On en connaît les résultats, mais le grand Attali a peut-être d’autres raisons de bénir François qu’il ne convient pas de dire à la plèbe. Lire la suite

Henricus Cornelius Agrippa – Correspondance

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« La plupart du temps, à la Cour des rois, la méchanceté des détracteurs a plus de puissance que le crédit des gens de bien. Celui qui calomnie n’est pas seulement coupable, mais encore celui qui prête l’oreille à la calomnie. »
Henri Cornélis Agrippa

Pour clore cette série d’articles sur Agrippa, nous publions quelques-unes de ses correspondances qui illustrent sa vie, son combat, ses déboires et ses détresses. Agrippa ne correspondait pas seulement avec des hommes de lettres et de sciences de son époque tels qu’Érasme ou Jacques Lefebvre d’Étaples (1450?-1536) [1], mais aussi avec des hommes d’Église dont certains étaient ses amis ou des protecteurs. Ses liens avec des hommes de pouvoir sont dignes d’intérêt pour ceux qui s’intéressent à la vie des princes et des monarques : on ne sera pas étonné de le voir coincé par l’homme le plus puissant de l’époque, l’empereur Charles-Quint.
Au-delà de l’aspect anecdotique, sa correspondance nous renseigne aussi sur le climat intellectuel de l’époque, elle nous apprend par exemple :

  • comment la magie qui était une discipline respectable pendant de longues périodes, s’est vue déclassée au rang de charlatanisme par la suite ; l’Église n’est pas du tout innocente sur cette question : même à l’époque d’Agrippa, des procès de sorcellerie faisaient encore dresser les cheveux, d’ailleurs Agrippa a courageusement défendu une vieille paysanne, dans les environs de Metz, accusée de sorcellerie. Quoi qu’il en fût la magie n’était pas tout à fait morte puisque le meilleur cabaliste du XIXè siècle en France, le prêtre défroqué mais qui reste fidèle à l’Église Éliphas Levi en parle abondamment dans son ouvrage majeur que nous avons évoqué il y a quelque temps.

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Henricus Cornelius Agrippa d’après sa correspondance

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« La Magie est une faculté qui a un très-grand pouvoir, plein de mystères très relevés, & qui renferme une très profonde connaissance des choses les plus secrètes, leur nature, leur puissance, leur qualité, leur substance, leurs effets, leur différence, & leur rapport : d’où elle produit ses effets merveilleux par l’union & l’application qu’elle fait des différentes vertus des êtres supérieurs avec celles des inférieurs ; c’est là la véritable science, la Philosophie la plus élevée, & la plus mystérieuse; en un mot la perfection de l’accomplissement de toutes les sciences naturelles, puisque toute Philosophie reglée se divise en Physique, en Mathématique, & en Théologie.« 

Henricus Cornelius Agrippa (1486  -1535)

Henri Cornélis Agrippa [1] occupe une place de savant et d’original vagabond employé tour à tour aux besognes les plus variées : militaire, humaniste, théologien, jurisconsulte, médecin, alchimiste, il possède tout le cycle des connaissances sacrées et profanes, mais il a peu d’idées générales; c’est avant tout un vulgarisateur, doué d’une vaste érudition compliquée de tous les écarts d’une extraordinaire liberté d’opinion et d’une extrême mobilité de caractère. Comme Paracelse, son contemporain également alchimiste et médecin, il se plaisait à captiver le public par les innovations les plus étranges et les doctrines les plus osées. Sa vie, sur laquelle on a beaucoup écrit de fables fantastiques, fut en harmonie avec ses paradoxes. Lire la suite

Henricus Cornelius Agrippa

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Les canonistes ont beau dire que leur église ne peut errer; une femme déguisa son sexe, se fit pape et mit l’église en défaut par cette plaisante imposture.

Henricus Cornelius Agrippa (1486-1535)

Il y a quelque temps nous avons présenté une série de plusieurs articles sur Paracelse, nous continuons à parcourir la Renaissance pour faire découvrir, cette fois-ci à celles & à ceux qui ne le connaissaient pas encore, un autre personnage à la fois estimé, apprécié et reconnu de son époque comme savant par les uns mais détesté et combattu par les autres : Henri Corneille Agrippa.
Voici ce qu’a écrit G. Naudé en préface de la traduction en français de l’ouvrage intitulé La philosophie occulte d’Agrippa [1], « Il fut successivement & de charge en autre, Secretaire de camp de l’Empereur Maximilian, favori d’Antoine de Leve, & Capitaine en ses troupes, Professeur ès lettres Saintes à Dole & à Pavie, Syndic & Advocat général de la ville de Metz, Medecin de Madame la Duchesse d’Anjou, Mere du Roi François premier, & enfin Conseiller & Historiographe de l’Empereur Charles-Quint. (..) Il fut choisi par le Cardinal de Sainte Croix, pour l’assister au Concile qui se devoit celebrer à Pise; le Pape lui écrivit une lettre pour l’exhorter de poursuivre à bien faire, comme il avait commencé; le Cardinal de Lorraine voulut être Parain de l’un de ses fils en France; un Marquis d’Italie, le Roi d’Angleterre, le Chancelier Mercure Gatinaria, & Marguerite Princesse d’Autriche, l’apellerent en un même tems à leur service & enfin il fut ami singulier de quatre Cardinaux, de cinq Evèques & de tous les hommes doctes de son tems, tels qu’étaient Erasme, le Fevre d’Etaples , Tritheme, Capito , Melancthon, Capellanus, Montius, & Cantiuncula & beaucoup d’autres ne parlent de lui qu’honorablement & en très bons termes » [2]. Lire la suite

Jean Lepeu. Un destin ordinaire – suite

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« Les lois oppriment seulement ceux qui ne songent pas à les enfreindre; en revanche, elles n’ont jamais été un obstacle pour ceux qui sont décidés à ne subir aucune contrainte.« 

Historiquement, la bureaucratie est sortie du bailliage. Le scribe qui, dans un bureau, traite grossièrement le citoyen appelé devant lui, est l’héritier du prévôt ou surveillant qu’un despote, aux siècles de ténèbres, plaçait au-dessus de son peuple d’esclaves pour maintenir celui-ci dans l’obéissance, à l’aide du fouet et de la lance des cavaliers de sa garde du corps. L’employé étant une particule de la grâce de Dieu, revendique pour lui- même infaillibilité divine il est au-dessous du chef suprême de l’État, mais au-dessus des gouvernés. Ceux-ci étant le troupeau dont le chef de l’État est le pasteur, l’employé est le chien de berger. Il a le droit d’aboyer et de mordre, et les moutons doivent le subir. Et les moutons le subissent aussi !
Le citoyen ordinaire -celui de l’espèce de mon Jean – entre pleinement dans les idées de l’employé. Il lui reconnaît le droit de commander et accepte pour lui le devoir d’obéir, il se rend auprès de l’autorité, non comme pour réclamer ce qui lui est dû, mais comme pour implorer des faveurs. Il serait, du reste, insensé de vouloir se cabrer contre cette situation paradoxale, car, dans une lutte avec l’employé, celui-ci resterait probablement vainqueur, et même, au cas le plus favorable, les intérêts du citoyen subiraient pendant la durée de la lutte des délais et de graves atteintes de tout genre. La fiscalité a pour pendant le mandarinisme; tous deux sont des déductions logiques de la conception d’un maître par la grâce de Dieu et d’un assujettissement par le courroux de Dieu. Lire la suite

Jean Lepeu. Un destin ordinaire

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« Les lois sont faites pour permettre à l’employé de défendre les intérêts de son maître réel ou abstrait, le monarque ou l’État, contre le peuple, qu’on suppose a priori vouloir se débarrasser de son maître.« 

Le texte que vous allez lire est un extrait de l’ouvrage intitulé Les mensonges conventionnels de notre civilisation paru en 1897 à Paris, qui est lui-même une traduction de l’ouvrage allemand paru à Leipzig en 1883, et dont l’auteur était Max Nordau et le traducteur, Auguste Dietrich (le titre original de l’ouvrage n’est pas indiqué dans cette traduction, du moins dans sa version en pdf, nous en sommes désolés). L’ouvrage en était en sa treizième édition en Allemagne, un best-seller aurait-on pu dire. En tout cas un véritable succès de librairie car il a été traduit en plusieurs langues en Europe : anglais, italien, portugais hollandais, danois et suédois et espagnol. À part quelques détails liés à l’évolution de la vie sociale et politique, plus d’un siècle après le sort du commun des mortels n’a pas évolué d’un pouce : il y a les lois pour tout. Ces textes venant d’en-haut agissent comme une machine qui accule le peuple au pied du mur en le paralysant. Comme dirait l’autre : « La loi est faite pour protéger l’État contre le peuple et non le contraire. » En d’autres termes Vladimir Poutine a dit que « La démocratie c’est la dictature de la loi ». Vrai ou faux, il suffit d’ouvrir les yeux et la vérité vous saute à la figure. Alors vive la Liberté… de l’État d’opprimer le peuple ! Lire la suite

Médecine et philosophie chez Paracelse

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Si nos présents écrits voient jamais le jour, je suis persuadé que la plupart de mes lecteurs seront fort étonnés par les insignes vertus cachées à l’état latent dans les métaux préparés par un artifice manuel. D’aucuns les tiendront pour superstitieuses, magiques, supernaturelles ; d’autres les rangeront parmi les pratiques abominables et idolâtriques, comme si leur préparation nécessitait des conjurations diaboliques. Voici quel sera leur raisonnement : Comment donc des métaux portant gravés des caractères, lettres et signes de même genre, peuvent-ils avoir des vertus, si une œuvre diabolique n’intervient pas dans leur préparation? Je leur répondrai de la sorte : Croyez-vous donc comme j’entends, que de telles choses accomplies par l’œuvre du Diable posséderaient leurs vertus et facultés d’opérer? Ne croyez-vous donc pas le Créateur de la Nature, Dieu, habitant dans les cieux, capable lui aussi d’induire et de conférer les vertus et facultés d’opérer de ce métal ainsi préparé, aux racines, herbes, pierres et autres choses semblables? Lire la suite

Le commerce de l’opium

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En sa qualité de Gouvernement impérial, il [le gouvernement britannique] affecte de n’avoir rien à voir avec la contrebande de l’opium et va jusqu’à conclure des traités qui l’interdisent. Mais en sa qualité de Gouvernement indien, il impose au Bengale la culture de l’opium, au grand dommage des forces productrices de ce pays; il contraint une partie «des ryots indiens à cultiver le pavot; il engage l’autre partie à en faire autant en leur prêtant de l’argent; il détient strictement le monopole de la production de cette drogue nocive.

Un petit rappel historique pour rafraîchir notre mémoire sur les relations entre l’Occident et la Chine. Pour la période qui nous concerne l’Angleterre était la première puissance coloniale suivie de près par la France. Quand il s’agit de partager un gâteau les grandes puissances coloniales étaient présentes, l’Afrique a ainsi été découpée au cordeau au mépris des frontières traditionnelles, ethniques, culturelles et politiques suite à la Conférence de Berlin (nov. 1884 – fév. 1885) à l’initiative de Bismarck, chancelier allemand : le Congo revint à la Belgique, le Congo-Brazzaville et l’Afrique occidentale à la France, le Cap Vert et l’Angola au Portugal, la Libye et la Somalie à l’Italie, l’Égypte, l’Ouganda, le Nigeria à la Grande-Bretagne, le Cameroun à l’Allemagne.
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Paracelse et les recettes de bonne femme – suite

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« A vous tous cœurs souffrants, malades et brisés, qui avez besoin d’amour, et qu’on n’aime pas en ce monde mauvais.
À vous exilés qui voyagez sur la terre sans y trouver une patrie, et qui pleurez en regardant le ciel. »
Alphonse-Louis Constant (1810-1875)

4è extrait :

Revenons aux Sabbats. Ces assemblées, véritables États provinciaux de la sorcellerie, n’avaient point d’époques fixes et ne se tenaient pas toujours dans le même lieu, afin d’échapper aux poursuites de leurs ennemis. Les adeptes furent longtemps rares dans les villes et en redoutaient même la proximité mais on en trouvait partout dans les campagnes. Chaque bourgade, chaque village possédait son devin ou sa sorcière, souvent les deux à la fois, tenant école et boutique de remèdes ou de maléfices toujours prêts à l’heure du besoin. C’est par la médecine, science secourable, qu’ils possédaient la confiance c’est par le secret usage des poisons qu’ils se faisaient redouter, c’est par leurs prétentions à la connaissance des choses cachées qu’ils gardaient leur prestige. Lire la suite