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Jean Lepeu. Un destin ordinaire – suite

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« Les lois oppriment seulement ceux qui ne songent pas à les enfreindre; en revanche, elles n’ont jamais été un obstacle pour ceux qui sont décidés à ne subir aucune contrainte.« 

Historiquement, la bureaucratie est sortie du bailliage. Le scribe qui, dans un bureau, traite grossièrement le citoyen appelé devant lui, est l’héritier du prévôt ou surveillant qu’un despote, aux siècles de ténèbres, plaçait au-dessus de son peuple d’esclaves pour maintenir celui-ci dans l’obéissance, à l’aide du fouet et de la lance des cavaliers de sa garde du corps. L’employé étant une particule de la grâce de Dieu, revendique pour lui- même infaillibilité divine il est au-dessous du chef suprême de l’État, mais au-dessus des gouvernés. Ceux-ci étant le troupeau dont le chef de l’État est le pasteur, l’employé est le chien de berger. Il a le droit d’aboyer et de mordre, et les moutons doivent le subir. Et les moutons le subissent aussi !
Le citoyen ordinaire -celui de l’espèce de mon Jean – entre pleinement dans les idées de l’employé. Il lui reconnaît le droit de commander et accepte pour lui le devoir d’obéir, il se rend auprès de l’autorité, non comme pour réclamer ce qui lui est dû, mais comme pour implorer des faveurs. Il serait, du reste, insensé de vouloir se cabrer contre cette situation paradoxale, car, dans une lutte avec l’employé, celui-ci resterait probablement vainqueur, et même, au cas le plus favorable, les intérêts du citoyen subiraient pendant la durée de la lutte des délais et de graves atteintes de tout genre. La fiscalité a pour pendant le mandarinisme; tous deux sont des déductions logiques de la conception d’un maître par la grâce de Dieu et d’un assujettissement par le courroux de Dieu. Lire la suite

Jean Lepeu. Un destin ordinaire

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« Les lois sont faites pour permettre à l’employé de défendre les intérêts de son maître réel ou abstrait, le monarque ou l’État, contre le peuple, qu’on suppose a priori vouloir se débarrasser de son maître.« 

Le texte que vous allez lire est un extrait de l’ouvrage intitulé Les mensonges conventionnels de notre civilisation paru en 1897 à Paris, qui est lui-même une traduction de l’ouvrage allemand paru à Leipzig en 1883, et dont l’auteur était Max Nordau et le traducteur, Auguste Dietrich (le titre original de l’ouvrage n’est pas indiqué dans cette traduction, du moins dans sa version en pdf, nous en sommes désolés). L’ouvrage en était en sa treizième édition en Allemagne, un best-seller aurait-on pu dire. En tout cas un véritable succès de librairie car il a été traduit en plusieurs langues en Europe : anglais, italien, portugais hollandais, danois et suédois et espagnol. À part quelques détails liés à l’évolution de la vie sociale et politique, plus d’un siècle après le sort du commun des mortels n’a pas évolué d’un pouce : il y a les lois pour tout. Ces textes venant d’en-haut agissent comme une machine qui accule le peuple au pied du mur en le paralysant. Comme dirait l’autre : « La loi est faite pour protéger l’État contre le peuple et non le contraire. » En d’autres termes Vladimir Poutine a dit que « La démocratie c’est la dictature de la loi ». Vrai ou faux, il suffit d’ouvrir les yeux et la vérité vous saute à la figure. Alors vive la Liberté… de l’État d’opprimer le peuple ! Lire la suite