Les terroristes ont frappé !


Tous ceux qui ont voté pour Trump doivent-ils faire le deuil de ses promesses engageant les États-Unis à se préoccuper d’abord de leurs problèmes intérieurs, ceux de leur propre peuple (chômage, délocalisation, pauvreté, violence, racisme, infrastructures délabrées, déshérité, désespoir, etc.) pour laisser de côté les relations conflictuelles à l’extérieur – les guerres et la terreur semées aux quatre coins du monde pour punir les insoumis ? Ou bien il est temps de se mettre dans la tête les paroles cyniques d’un Pasqua qui disait que les promesses n’engagent que celui qui écoute ? Tout le monde se rappelle encore les paroles de Trump durant sa campagne comme celles répétés le soir de son élection et le jour de son investiture : l’Amérique ne veut plus faire la guerre, l’Amérique ne veut plus déstabiliser les États, l’Amérique veut s’occuper de ses propres enfants, l’Amérique veut la paix avec tous les pays (et cela sous-entend y compris avec la Corée du Nord), l’Amérique veut un pacte de paix avec la Russie, etc., etc.

Une semaine après la déclaration du porte-parole de la Voix de l’Amérique à l‘extérieur, et de celle à l’ONU de ne pas intervenir dans les affaires de la Syrie, que le sort du président el-Assad dépend du peuple syrien, soit moins de trois mois après l’arrivée à la Maison Blanche de l’homme qui veut que son Amérique soit « great again », il retourne sa veste et frappe du poing sur la table à la manière des bandits qui ne peuvent compter que sur leurs fusils et révolvers en montrant leurs dents : les navires de guerre USS Porter et USS Ross en Méditerranée au large des côtes syriennes ont lancé les flèches de feu et de poudre en direction d’une base aérienne syrienne près de Homs pour punir le régime d’Assad d’avoir gazé son peuple. Digressons un peu : les Chinois ont raison de se méfier des bâtiments de guerre US qui rôdent du côté des îles disputées en Mer de Chine ou Mer d’Orient pour les Vietnamiens. Que font ces engins de guerre US à des milliers de kilomètres des côtes californiennes chez les autres ? Si les Chinois envoyaient leurs frégates au large de San-Francisco on aurait entendu toutes les diableries les condamnant. Fermons cette parenthèse.
Un acte de guerre ça s’explique. Alors le great Trump donne sa raison en substance : « C’est horrible ce qui est fait là-bas, un peuple martyrisé ! » Donc il faut punir le responsable. Quelle humanité, ce représentant du great peuple qui a semé terreur et intimidation, guerres et destructions, défait régimes et pays insoumis, fomenté des coups d’État dans le monde entier depuis la fin de la dernière guerre des oligarchies contre le nazisme à la puissance duquel elles avaient contribué ! Voilà maintenant la great Amérique qui se préoccupe du malheur d’un autre peuple malheureux aux dépens de son propre peuple (dont une bonne partie ne sait pas où se loger, n’a rien à mettre sous les dents, n’a pas d’emploi, etc.), chose qu’on doit inscrire dans les mémoires de l’humanité car inexistante dans l’histoire. Le great Trump se sacrifie pour sauver son prochain ! Incroyable ! Great America s’est donné le rôle de zorro ou de gendarme du monde ? Il punit qui il veut, quand il veut en envoyant paître la communauté internationale car il est le plus fort ! C’est de l’héroïsme, de l’humanité, du courage, du sacrifice, ou autre mot sonnant qui fait vibrer le cœur des gens ?

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La gloire de great America


Mais regardons de plus près au-delà des déclarations de circonstance et de bonne conscience pour voir si elles tiennent la route, si elles s’appuient sur les faits réels indiscutables, preuves à l’appui ou il s’agit simplement de l’hypocrisie, de la volonté de dominer par la force, en termes moins conventionnels d’une « merde enveloppée dans un bas de soie » comme dirait l’autre [1].

Quand on n’a que ses forces…

Cette opération de diversion pour détourner le regard des problèmes, en montrant ses dents pour faire peur aux innocents ne peut tromper personne qui observe la scène internationale, car l’opération est bien orchestrée par une machine de propagande huilée depuis les fioles contenant de la poudre blanche brandies à la tribune de l’ONU par un autre great American avant d’aller bombarder l’Irak pour trouver des preuves inexistantes d’armes de destruction massive : ce great American a reconnu par la suite d’avoir menti à son peuple et au monde entier. Mais peu importe la vérité, c’est le résultat qui compte : aujourd’hui l’Irak est en ruines mais sous contrôle, et le great America peut encore frapper car il a beaucoup d’armes dans ses bunkers, c’est la seule chose qu’il a de plus que les autres peuples. Et quand on ne peut compter que sur ses armes, ses forces, sa violence, ça s’appelle comment great America ? C’est une attitude de barbares, une pratique terroriste mais dans ce cas d’espèce ce sont des barbares drapés de respectabilité artificielle. Voilà le contenu de great America.
Effectivement, les gaz toxiques sont pratiques, il suffit de les invoquer pour paralyser l’opinion. Cette manœuvre, déjà utilisée au temps d’Obama, n’a pas marché car la Russie est intervenue à temps pour désamorcer la crise : démantèlement des stocks d’armes chimiques syriennes pour sauver la face à Obama. Alors d’où sortent cette fois ces poudres blanches dont personne n’a fourni la moindre preuve sur l’origine, et les auteurs de cette utilisation ignoble et barbare qui a causé la mort des innocents ?
Juste avant cet événement tragique, les autorités syriennes ont alerté les Nations Unies du risque d’utilisation d’armes chimiques provenant de la Turquie par les forces dites rebelles au président el-Assad. Qu’a fait l’ONU de cette alarme ? Une enquête est ouverte sans aucune conclusion sur les coupables éventuels. Mais cela suffit pour great America, frustrée par l’intervention russe en Syrie applaudie et ovationnée, de montrer au monde ce dont il est capable. Un proverbe extrême-oriental dit que les chevaux prennent toujours par habitude le même chemin. Cela se vérifie avec ces frappes sur la Syrie en dehors de tout cadre légal.
La great America voulait aussi éradiquer le terrorisme au Moyen Orient ! Avec ces coups de tomahawk qui détruisent les avions de l’armée syrienne, les terroristes peuvent s’amuser et en rire encore longtemps avant de s’enfuir. Un enfant de 10 ans dirait en toute innocence que ceux qui tirent sur les ennemis des terroristes les soutiennent s’ils ne sont pas des terroristes eux-mêmes. Les masques finissent par tomber. On voit qui sont derrière les terroristes et qui les manipulent puisque ces mercenaires ont été créés et utilisés au service de l’Empire, de l’oligarchie mondialiste. On fait le contraire de ce qu’on dit. Demandez aux Amérindiens qui sont devenus des déshérités, apatrides sur leur propre territoire comment great America s’est comportée à leurs égards. Les Apache, les Lakota, les Cheyenne, Les Navajo, les Shoshone, les Creek, les Cherokee, les Iroquois et bien d’autres peuples premiers ont une très longue histoire à nous raconter, une histoire qui n’existe pas dans les manuels officiels de great America, une histoire qui fait honte à certains qui ont commencé à se pencher sur leur propre histoire.

Les loups ont hurlé

Ainsi les terroristes ont frappé ! C’est du terrorisme d’État commis par un Roque State, un acte de mépris envers les institutions internationales et les accords internationaux, un acte de brigand contre le droit international. Imaginons l’inverse : si le reste du monde se comportait comme ce roque state : bombarder qui il voulait, quand il voulait en violant les institutions internationales dont il fait partie, ça faisait longtemps que ce roque state aurait disparu de la carte du monde.
Quel intérêt le président el-Assad a à gazer son propre peuple, un président qui est soutenu par 70 % de la population selon les propres rapports de la CIA du roque state? Il est fou, dément, barbare pas comme nous, les civilisés ? L’armée syrienne gagne du terrain de bataille en bataille, remporte des victoires de jour en jour, la majorités des mercenaires sont déjà en déroute, il reste encore un noyau dur encadré par la CIA et autres services, quelles seraient les justifications possibles du chef de l’État syrien de cet acte barbare ? On en voit aucune ! Mais prenons la question autrement : À qui profite le crime ? Qui veut que la Syrie et le Moyen-Orient soient à feu et à sang ? Là, on voit poindre des criminels possibles : tous ceux qui veulent en découdre avec la Syrie : les néo-cons US ou plutôt les monstres, les politicards occidentaux, l’Arabie saoudite, Israël, la Turquie, le Qatar, la Jordanie … La stratégie de provocation est vieille comme le monde, on sème la merde pour légitimer son intervention, ou on arrive pour proposer des solutions. Faut-il encore faire un dessin pour expliquer au peuple de la great America ?

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On ne t’a pas élu pour ça !


En attendant, les loups ont hurlé : le sultan à l’autre bout de la Méditerranée qui joue sur tous les tableaux (pote avec Israël, membre de l’Otan, partenaire avec les Russes pour mieux les trahir, passeur de terroristes et d’immigrés, revendeur de pétrole spolié), applaudit des deux mains cet acte terroriste en disant que ce n’est pas assez, il faut des opérations de plus d’envergure et qu’il est prêt à y participer. Il veut arracher le rôle de boute-en-train à la France, on lui souhaite bonne chance aux côtés des gangsters. Les capitales occidentales se joignent à la Voix de l’Amérique en faisant du président el-Assad le responsable de cet acte de terroriste d’État. On croit rêver ! L’Angleterre a le culot d’appeler la Russie à tenir le rôle de pompiers pour éviter que le conflit ne dégénère. La Suède fait connaître sa voix dissidente, un camion fou s’est jeté sur la foule à Stockholm. Un hasard !
On a frôlé la troisième guerre avec ou sans nucléaire. Poutine réunit le Conseil de sécurité de la Fédération : l’accord russo-états-unien pour éviter les accidents d’avion dans le ciel de la Syrie signé en 2015 est suspendu. Les avions US ont désormais la voie libre et les missiles russes sont libres d’abattre n’importe quelle cible ! Quelle joyeuse fête en perspective ! En attendant Poutine renforce sa flotte en Méditerranée en dépêchant une frégate munie de missiles Kalibr tant redoutés.
Moins de 48 heures après ces frappes terroristes contre un pays souverain, great Trump se dévoile un peu plus : « Les États-Unis mèneront des actions supplémentaires si nécessaire et de manière appropriée, pour continuer à garantir les intérêts nationaux (au Moyen Orient). » Mais voilà ! C’est plus clair, les loups ne tiennent pas longtemps dans le rôle de biches, les masques tombent tout seuls sans qu’on ait à les arracher. Il n’est plus question d’humanité, de peuple martyrisé, d’horreur ou d’autres rhétoriques à consonance humaine mais d’intérêts du rogue state. Qu’a fait la Syrie contre les intérêts du rogue state ? Absolument rien ! La Syrie refuse simplement de se soumettre au diktat d’un état voyou et ça suffit pour que cet état vienne semer la terreur. Voilà le film.
Et si cet État voyou se prépare à sortir de l’ONU comme certains échos laissent entendre, faut-il comprendre par là que l’Apocalypse approche à grands pas ? Une fois les mains libres, et faisant cavalier seul, il pourra frapper, voler, détruire, massacrer quand il veut sans avoir à se soucier des barrières internationales. Le monde n’a qu’à bien se tenir. Quoi qu’il en soit, nous sommes confortés par les manifs qui éclatent un peu partout aux States pour dénoncer cette aventure guerrière. Les manifestants ont dit haut et fort qu’ils n’ont pas élu great Trump pour ça. Celui-ci confond-il le rôle de faiseur de paix avec celui du terroriste, ou lui a-t-on soufflé que pour faire la paix à l’intérieur il faut bombarder à l’extérieur ? Le slogan « Make America great again » se concrétise « Sous nos yeux » [2].

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Notes :
[1]. Parole rapportée par Talleyrand après une entrevue avec Napoléon qui l’a traité ainsi.
[2]. Titre du dernier ouvrage de Thierry Meyssan qui sort des presses ces jours-ci.

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Illustrations :
https://fr.sputniknews.com/

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