La race des Aryas – Aryens ?

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« Je remplis de joie tout l’univers, semblable à un nuage qui verse [partout] une eau homogène, toujours également bien disposé pour les Âryas comme pour les hommes les plus bas [1], pour les hommes vertueux comme pour les méchants. » (parole de Bouddha)

Afin de rendre la lecture plus fluide, nous insérons au début de chaque article des liens de cette série inédite d’une vingtaine d’extraits de plusieurs ouvrages sur l’origine du christianisme et ses rapports avec les anciennes religions de l’Inde, bref une comparaison de la Bible avec les anciens textes sanscrits. C’était l’oeuvre de Louis Jacolliot (1837 – 1890), magistrat français aux Indes au temps de la colonisation.

Afin de rendre la lecture plus fluide, nous insérons au début de chaque article des liens de cette série inédite d’une vingtaine d’extraits de plusieurs ouvrages sur l’origine du christianisme et ses rapports avec les anciennes religions de l’Inde, bref une comparaison de la Bible avec les anciens textes sanscrits. C’était l’oeuvre de Louis Jacolliot (1837 – 1890), magistrat français aux Indes au temps de la colonisation.

ARYAS — ARIOI — ARII — ARIA  — ARIMAN

Avant d’aborder l’histoire des cérémonies, des mystères, des incarnations indous, de présenter dans son ensemble ce symbole religieux que les différentes émigrations parties des plateaux de la haute Asie ont emporté. en le transformant, sur les terres nouvelles qu’elles venaient coloniser, que l’Égypte conserva dans le sanctuaire de ses temples, que les compagnons d’Iodha abritèrent dans les sombres forêts du nord, que la Grèce honora dans les mystères d’Ephèse et de Delphes, et dont le christianisme ne fut qu’une rénovation aussi complète que possible:
Qu’on nous permette d’emprunter à la philologie une des plus extraordinaires preuves qu’elle puisse fournir, que tous les peuples du globe, hors ceux appartenant à la race noire, ont eu pour berceau les plateaux de l’Hymalaya et les plaines de l’Inde; et que les émigrations successives qui se sont répandues jusque dans les contrées les plus éloignées, n’ont commencé qu’à une époque où la langue était déjà fixée, la domination brahmanique bien établie, et par conséquent ont dû emporter avec elles, tous les préjugés, idées, mœurs et coutumes d‘une civilisation déjà Vieille.
Les preuves générales abondent, et nous ne reviendrons pas sur celles que nous avons données dans nos premières études sur l’Inde, et aussi dans le présent ouvrage. On sait que le samscrit a formé toutes les langues, que l’on rencontre sur toute la surface du globe des identités de mœurs, explicables seulement par la communauté d’origine, et que le mythe religieux, objet spécial de ce livre est le même sous toutes les latitudes.
La preuve philologique dont nous voulons parler est toute particulière, toute spéciale à un fait, à une idée, à une qualification, que nous allons retrouver et exactement semblable, et comme sens, et comme appellation sur tous les points du globe, et même dans les îles les plus éloignées de l’Océanie. Elle démontrera également, à cette science officielle si habile à construire des romans sur un passé qu’elle pourrait étudier dans le livre, le jour ou elle se décidera sérieusement à en apprendre la langue… que les Aryas n’ont jamais existé comme peuple, et qu’elle a pris un qualificatif de caste pour le nom d’une nation.
Les brahmes donnèrent à ceux d’entre eux qu’ils chargèrent d’administrer et de gouverner l’Inde, le nom d‘ aryas qui, ainsi que nous l’avons déjà dit, signifie en samscrit, excellents. Plus tard, lorsque leur domination acceptée depuis des siècles leur permit, dans un but que nous avons signalé, de diviser le peuple en castes, la classe particulière qu’ils déclarèrent la plus noble parce quelle était issue de celle des prêtres, et à qui ils remirent comme par le passé toutes les fonctions de leur gouvernement se nomma la caste des aryas (d’où sont sortis les rois appelés xchatrias).

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Le char du temple de Vitthala

Lorsque Zoroastre (en samscrit, Souryastara, qui répand le culte du soleil), ce transfuge des pagodes de l’Inde, fonda le magisme en Perse, une des trois personnes de la trinité qu’il plaça en tête de la religion nouvelle reçut le nom d’Ariman, de ces deux mots samscrits arya (excellent, noble), et man (Dieu créateur), ce qui signifie le dieu de la caste noble.
La première ville fondée dans la Perse ancienne, reçut le nom d’Arga (aujourd’hui Hérat), ce qui signifie la ville de la classe royale.
Plus tard la Perse, et toutes les contrées environnantes, prirent ce nom général d’Arga, d’où sont venus les noms d’Asia et d’Asie.
Il existe, au centre de l’Afrique, une population que l‘on trouve parsemée en villages, de la haute Égypte aux rives du Niger et du Sénégal, dont le type régulier, le teint clair, les cheveux longs et soyeux, décèlent une origine asiatique ; peut-être est-ce un des rameaux de l’émigration de Manou-Vena qui continua sa route à travers le continent; peut-être encore est-ce une émigration plus ancienne qui poussa à l’aventure droit devant elle, pour voir si elle ne rencontrerait pas un pays plus habitable que les terres basses du Delta, qui devait être à cette époque à peine débarrassé des eaux, et que les autres provinces inondées par le Nil. Quoi qu’il en soit, l’origine asiatique de ces populations appelées en Abyssinie, en Nubie, et dans l’ouest du pays d’Assouan, les Poulhs; dans le haut Niger, les Poulahs; et sur les rives du Sénégal, les Peuls, ne saurait être mise en doute ; leur culte basé sur la trinité, ainsi que leurs cérémonies religieuses qui sont un écho de celles de l’Inde, démontrent surabondamment que le pays de leurs ancêtres n’est point cette grossière terre d’Afrique, dont toutes les races autochtones sont d’une notoire infériorité.
Eh bien! ces Poulhs, Poulahs ou Peuls, tirent leurs rois, leurs chefs, leurs grands prêtres d’une classe dominante qu’ils nomment la famille des arioi.
Dans tous les groupes d’îles de l’Océanie, habités par la race jaune, les mœurs et les coutumes intimes principalement, rappellent à s’y méprendre celles des Indous, et chose extraordinaire, aux Sandwich, aux iles Marquises, dans le groupe des îles de la Société, a Taiti, à Borabora, Raiatea, Huahin, dans l’archipel des Pomoutou, la classe royale s’appelle la classe des arii : sur la grande terre de la nouvelle Irlande, la caste des chefs se nomme également la famille des arii.
Nous devons dire au lecteur que nous ne lui donnons point par ouïdire ces étranges renseignements, qui jettent un jour si curieux sur l’histoire de l’humanité, nous les avons recueillir et contrôlés nous-même avec la plus scrupuleuse exactitude, tant dans l’Inde, qu’en Afrique et en Océanie, ce que nous avons pu faire avec d’autant plus de facilité que plusieurs idiomes de ces différentes contrées nous sont familiers.
Si des noms de peuples, de castes, de famille et de pays, nous passons aux simples substantifs qualifiant des hommes et des idées, nous assistons à des rapprochements plus instructifs encore. Car ils démontrent, que si les castes qui se trouvaient à la tête des émigrations, ont tenu à conserver pour eux et leurs familles ces titres d’arya et d’arii, les simples particuliers s’en ornaient avec orgueil comme d’un titre de noblesse, et faisaient entrer dans leur nom propre, ce radical ari, qui signifie noble, excellent, non-seulement en samscrit, mais encore dans toutes les langues de l’antiquité et la plus grande partie des idiomes modernes.
Arya en samscrit, Aρι-στις en grec, ari-stocratie en français, et ainsi de même en anglais, en allemand, en italien, en espagnol, avec une simple variation dans la terminaison.
Tous les noms suivants de l’antiquité ont la même origine, et indiquaient, soit la noblesse de la naissance, de la caste, soit la réputation acquise par la poésie ou la science :
Ari-arathe, dynastie du royaume de Cappadoce.
Ari-cie, princesse athénienne de la famille des Pellantides.
Ari, capitale des Moabites.
Ari-stogaras, qui souleva l’Ionie sous Darius.
Ari-starque, mathématicien grec, disciple de Strabon.
Ari-stie, figure de la mythologie grecque, successivement berger, roi et divinité.
Ari-stenète, écrivain grec.
Ari-stide, le juste, banni d’Athènes. Ce nom fut porté par un grand nombre de philosophes, orateurs, et écrivains.
Ari-stion, sophiste athénien, ami de Mithridate.
Ari-stippe, philosophe cyrénoïque.
Ari-stobule, le prince ami des grecs.
Ari-stoclès, philosophe péripatéticien.
Ari-stocrate, nom d’une dynastie de roi d’Arcadie.
Ari-stodème, un des Héraclides qui vint d’Asie à la tête des Doriens, conquérir le Péloponèse. Plusieurs rois de Messénie portèrent ce nom.
Ari-stogiton, complice d‘Harmodius dans le meurtre du tyran Hipparque.
Ari-stomène, général messénien.
Ari-stophane, le plus grand poète comique de l’antiquité.
Ari-stote, le grand philosophe, disciple de Platon.
Ari-stoxéne, musicien grec de Tarente.

La Nymphe attachée à un arbre

Tenons-nous à ces exemples plus que suffisants, pour démontrer à quel point castes, peuples, rois, héros, philosophes, grands écrivains, et personnages célèbres de l’antiquité, tinrent à honneur de signaler la noblesse de leur origine, par l’emploi dans leur nom de ce radical samscrit arya, ari, qui désigna dans l’Inde d’abord, cette partie de la caste brahmanique dont les prêtres se servirent pour gouverner; puis la classe des rois et des guerriers, après l’introduction des castes.
Ainsi, dans quatre parties du monde sur cinq, en Asie, en Afrique, en Europe et en Océanie, la plupart des peuples se souvenant de leur origine, ont conservé l’expression nobiliaire de l’Inde, pour désigner leurs familles royales, aryas, arioi, arii, et leur ari-stocratie !
De pareilles similitudes philologiques, qui ne se peuvent attribuer au hasard, puisqu’il y a identité de mot et de signification, en venant démontrer d’une manière irrécusable la commune origine de tous les peuples, et la maternité de l’Inde, n’indiquent-elles pas également que les croyances religieuses, si chères aux émigrants, durent être conservées par eux avec autant de fidélité que leurs distinctions de familles et de castes, et qu’il est possible de les retrouver au milieu des transformations que les siècles leur ont fait subir.
Nous ne nous étendrons point davantage sur ce sujet qui porte avec lui, sans qu’il soit besoin de commentaire, de bien précieux enseignements.
Que pourrait-on trouver, pour l’histoire de la filiation des peuples et des langues, de plus curieusement révélateur, que ce mot qui apparaît aux premiers âges de la civilisation indoue, et qui depuis vingt mille ans et plus, se retrouve chez tous les peuples et dans toutes les langues, avec la même forme grammaticale, et la même signification !.. Il y a quelques années, une date de vingt mille ans nous eut fait jeter les hauts Cris… Qu’est-ce aujourd’hui, en présence des découvertes qui nous ont fait retrouver l’homme dans les terrains tertiaires, c‘est-à-dire l’homme qui nous a précédé de quelques centaines de mille années… Messieurs de Rome auront beau s’agiter, la chronologie biblique a vécu, et c’en est fait sans retour de la révélations.

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Extrait de Les fils de Dieu de Louis Jacolliot, Ed. ALbert Lacroix & Cie. Éditeurs, Paris, 1873, pp. 257-262.

Notes:
[1]. Cette parole de Bouddha, sans aucune ambiguïté, donne raison à Louis Jacolliot qui soutient que « Arya », désigne une classe supérieure, de dirigeants, de nobles, de meilleurs, etc., et non une « race » comme le prétend Émile Burnouf dans son Essai sur le Veda. (NdR)

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Illustrations – Sources

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