Discours de Vladimir Poutine au parlement russe

Nous reproduisons le dernier discours du président Vladimir Poutine prononcé le 3 décembre 2015 au parlement russe. Il s’agit d’un discours annuel que le président se doit de tenir devant les représentants du peuple. Cette année, plus que l’année dernière, le rôle de la Russie sur le plan international s’affirme : son engagement pour soutenir la Syrie représentée par son président Bachar al-Assad contre les terroristes et mercenaires soutenus par l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, et l’Occident dont le chef de file n’est autre que l’Oncle Sam et son représentant de commerce au Moyen-Orient qui n’est autre qu’Israël, s’inscrit dans la droite ligne du respect du droit international, ce qui n’est pas le cas de l’Occident qui intervient en Syrie comme des gangsters, le scandale du trafic de pétrole volé à l’Irak et à la Syrie qui aboutit en Turquie en est la preuve. L’affaire du bombardier Su-24 en mission abattu par un F-16 de l’aviation turque est encore dans toutes les mémoires, sans parler d’un autre avion civil qui a subi un crash dans la péninsule du Sinaï en Égypte le mois dernier. C’est dans ce contexte de conflits lourd de conséquences que le président russe s’adresse aux représentants du peuple.
Que les choses soient claires : la Turquie va être punie pour ce qu’elle a fait, un acte de trahison aux yeux des Russes, « acte le plus grave et le plus honteux qui puisse être commis », impardonnable donc. Et Vladimir Poutine l’a dit à cette occasion : « Ceux qui n’ont aucun respect pour eux-mêmes ne peuvent pas espérer être respectés par les autres. (…) Nous leur rappellerons ce qu’ils ont fait, plus d’une fois. Ils vont le regretter. Nous savons ce qu’il faut faire. » Mais La Russie ne va pas réagir d’une façon hystérique à la manière des cow-boys US, car elle est toujours guidée par le sens de la responsabilité. Elle ne va pas non plus faire payer le peuple turc dans son ensemble car elle fait la différence entre les traîtres et ses amis.

C’est aussi à cette occasion solennelle que Vladimir Poutine souligne le rôle héroïque de deux  Russes tombés au combat (le pilote du Su-24 fusillé en pleine descente de parachute, et le jeune militaire à la recherche de l’autre pilote) devant leur épouse invitées pour la circonstance. Une minute de silence a été observée à leur mémoire.

Lors du COP-21 qui eut lieu à Paris ces derniers jours, Vladimir Poutine a décliné l’invitation de François Hollande pour un déjeuner en compagnie d’autres hommes d’État dans un restaurant chic de Paris, en lui faisant parvenir le message suivant : « Par respect pour les victimes des attentats du 13 novembre 2015, considérant qu’il serait malsain de festoyer en cette période de deuil, le Président Poutine est au regret de décliner votre invitation. »
C’est une claque pour Hollande, mais le gouvernement français actuel est un fidèle abonné aux claques russes, mais on peut se demander si des claques suffisent ?
À cette même occasion, la communauté syrienne de Paris est venue saluer et rendre hommage à Vladimir Poutine de s’être engagé pour défendre la Syrie, un homme lui a même fait le baise-main en signe de respect et de gratitude. Est-ce que ceux qui sont partis pour des agapes avec Hollande (Obama, Kerry, Fabius, etc.) peuvent témoigner d’autant de respect à leur égard de la part des Syriens ? Mais c’est une question qui n’a pas de sens car ces politicards-là n’ont aucun sens de la dignité ou du respect de soi.

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3 décembre 2015 – Kremlin, Moscou.

Section internationale du discours présidentiel

Vladimir Poutine a prononcé son discours présidentiel annuel à l’Assemblée fédérale. Conformément à la tradition, cette adresse a eu lieu dans le Hall St George du Kremlin devant un parterre de plus de 1000 personnes.
Étaient notamment présents les membres du Conseil de la Fédération, les députés de la Douma, les membres du gouvernement, les chefs des Cours Constitutionnelles et Suprêmes, les gouverneurs régionaux, les chefs des assemblées régionales législatives, les chefs des confessions religieuses traditionnelles de la Russie, des personnalités publiques, y compris les présidents des chambres régionales publiques et les dirigeants des plus grands médias de Russie.

Vladimir Poutine, Président de la Russie : Citoyens russes, membres du Conseil de la Fédération, députés de la Douma,
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Je voudrais commencer mon discours en exprimant notre gratitude pour les soldats russes qui luttent contre le terrorisme international.

Aujourd’hui, dans ce Hall St George, une salle historique de la gloire militaire russe, nous avons avec nous des pilotes de chasse et des représentants des Forces Armées qui participent à l’opération anti-terroriste en Syrie.

Gelena Peshkova et Irina Pozynich, qui ont perdu leur mari dans la guerre contre le terrorisme, sont également parmi nous. Je vous fais part de mon plus profond respect, ainsi qu’aux parents de nos héros.

Je voudrais que nous honorions tous la mémoire des soldats qui ont donné leur vie en accomplissant leur devoir, ainsi que la mémoire de tous les citoyens russes qui ont été victimes du terrorisme.

Chers collègues,

La Russie est depuis longtemps en première ligne de la lutte contre le terrorisme. C’est une lutte pour la liberté, la vérité et la justice, pour la vie des individus et l’avenir de toute la civilisation.

Nous savons ce qu’est l’agression du terrorisme international. La Russie y a fait face au milieu des années 1990, lorsque notre pays, notre population civile ont subi des attaques cruelles. Nous n’oublierons jamais les prises d’otages de Budennovsk, de Beslan et de Moscou, les attentats impitoyables contre des bâtiments résidentiels, le déraillement du Nevsky Express, les explosions dans le métro de Moscou et l’aéroport de Domodedovo.

Ces tragédies ont causé des milliers de victimes. Nous les pleurons encore et nous en porterons toujours le deuil aux côtés de leurs proches.

Il nous a fallu près d’une décennie pour enfin briser l’échine de ces extrémistes armés. Nous avons presque réussi à expulser les terroristes de Russie, mais nous combattons toujours les terroristes clandestins restants. Ce mal est toujours là. Il y a deux ans, deux attaques ont été commises à Volgograd. Un avion civil russe a été récemment victime d’une attaque au-dessus du Sinaï.

Le terrorisme international ne sera jamais vaincu par un seul pays, surtout dans une situation où les frontières sont pratiquement ouvertes, et où le monde traverse une nouvelle période de réinstallation des peuples, tandis que les terroristes bénéficient d’un soutien financier régulier.

Le terrorisme est une menace grandissante aujourd’hui. Le problème de l’Afghanistan n’a pas été résolu. La situation y est alarmante et ne nous apporte pas d’optimisme, tandis que certains des pays relativement pacifiques et stables du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord – l’Irak, la Libye et la Syrie – ont maintenant plongé dans un chaos et une anarchie qui représentent une menace pour le monde entier.

Nous savons tous pourquoi cela est arrivé. Nous savons qui a décidé de renverser les régimes indésirables et d’imposer brutalement leurs propres lois. Où est-ce que cela les a menés ? Ils ont semé le trouble, détruit les institutions étatiques des pays, monté les composantes du peuple les unes contre les autres puis s’en sont « lavé les mains », comme on dit en Russie, ouvrant ainsi la voie à des militants armés radicaux, extrémistes et terroristes.

Les militants armés en Syrie constituent une menace particulièrement grande pour la Russie. Beaucoup d’entre eux sont des citoyens de la Russie et les pays de la CEI. Ils reçoivent de l’argent et des armes et se renforcent de jour en jour. S’ils deviennent assez forts pour l’emporter en Syrie, ils vont retourner dans leurs pays d’origine pour y semer la peur et la haine, pour faire sauter, tuer et torturer les gens. Nous devons les combattre et les éliminer là-bas, loin de nos demeures.

Voilà pourquoi nous avons décidé d’y lancer une opération militaire basée sur une demande officielle des autorités syriennes légitimes. Nos soldats se battent en Syrie pour la Russie, pour la sécurité des citoyens russes.
L’armée et la marine russes ont démontré de façon convaincante leur préparation au combat et leurs capacités accrues. Les armes russes modernes ont prouvé leur efficacité, et l’expérience inestimable que constitue leur utilisation dans des conditions de combat est analysée et sera utilisée pour améliorer davantage nos armes et notre matériel militaire. Nous sommes reconnaissants envers nos ingénieurs, nos ouvriers et tous les autres membres du personnel de notre industrie de défense.

La Russie a fait preuve d’une responsabilité et d’un leadership immenses dans la lutte contre le terrorisme. Le peuple russe a soutenu ces actions résolues. La position ferme adoptée par notre peuple découle de sa compréhension approfondie du danger absolu que représente le terrorisme, de son patriotisme, de ses hautes qualités morales et de sa conviction que nous devons défendre nos intérêts nationaux, notre histoire, nos traditions et nos valeurs.

La communauté internationale devrait tirer les leçons du passé.Les parallèles historiques dans cette situation sont indéniables.

La réticence à unir nos forces contre le nazisme au 20ème siècle nous a coûté des millions de vies durant la guerre la plus sanglante du monde dans l’histoire humaine.

Aujourd’hui, nous nous retrouvons à nouveau face à face avec une idéologie destructrice et barbare, et nous ne devons pas permettre à ces forces sombres de l’ère moderne d’atteindre leurs objectifs.

Nous devons mettre fin à nos querelles et oublier nos différences pour construire un front anti-terroriste commun qui agira en conformité avec le droit international et sous l’égide des Nations Unies.

Chaque pays civilisé doit contribuer à la lutte contre le terrorisme, réaffirmant sa solidarité, non pas en paroles, mais en actes.

Cela signifie que les terroristes ne doivent trouver refuge nulle part. Il ne doit pas y avoir de double standard. Aucun contact avec des organisations terroristes. Aucune tentative de les utiliser pour des buts égoïstes. Aucune transaction criminelle avec les terroristes.
Nous savons qui se remplit les poches en Turquie et permet aux terroristes de prospérer grâce à la vente du pétrole qu’ils ont volé en Syrie. Les terroristes utilisent ces fonds pour recruter des mercenaires, acheter des armes et planifier des attaques terroristes inhumaines contre des citoyens russes et contre des civils en France, au Liban, au Mali et dans d’autres pays. Nous nous souvenons que les extrémistes armés qui opéraient dans le Caucase du Nord dans les années 1990 et 2000 ont trouvé refuge et ont reçu une aide morale et matérielle en Turquie. Ils s’y trouvent toujours.

Cependant, le peuple turc est généreux, travailleur et capable.Nous avons beaucoup de bons amis dignes de confiance en Turquie. Permettez-moi de souligner qu’ils doivent savoir que nous ne les assimilons pas à la partie de l’élite dirigeante actuelle qui est directement responsable de la mort de nos soldats en Syrie.

Nous n’oublierons jamais leur collusion avec les terroristes. Nous avons toujours considéré la trahison comme l’acte le plus grave et le plus honteux qui puisse être commis, et cela ne changera jamais. Je voudrais qu’ils se souviennent de cela – ceux en Turquie qui ont tiré sur nos pilotes dans le dos, ces hypocrites qui ont tenté de justifier leurs actions et de couvrir les terroristes.

Je ne comprends même pas pourquoi ils l’ont fait. Tout différend qu’ils pouvaient avoir, tout problème, tout désaccord au sujet desquels nous ne savions rien auraient pu être réglés d’une manière différente. De plus, nous étions prêts à coopérer avec la Turquie sur toutes les questions les plus sensibles qu’elle avait soulevées ; nous étions prêts à aller encore plus loin, là où ses alliés mêmes ont refusé d’aller. Allah seul sait, je suppose, pourquoi ils ont fait ça. [Applaudissements] Et sans doute, Allah a décidé de punir la clique au pouvoir en Turquie en les privant de leur discernement et de leur raison. [Applaudissements]

Mais s’ils s’attendaient à une réaction nerveuse ou hystérique de notre part, s’ils voulaient nous voir devenir un danger pour nous-mêmes autant que pour le monde, ils n’obtiendront rien de tel. Ils ne recevront aucune réponse visant à impressionner la galerie ou même à obtenir quelque gain politique immédiat. Ils ne l’obtiendront pas.

Nos actions seront toujours guidées principalement par la responsabilité – envers nous-mêmes, envers notre pays, envers notre peuple. Nous n’allons pas faire cliqueter les sabres. Mais si quelqu’un s’imagine qu’ils peuvent commettre un crime de guerre odieux, tuer nos citoyens et s’en tirer, sans rien subir à part un embargo sur les importations de tomates ou quelques restrictions dans la construction ou d’autres industries, il se fait vraiment des illusions. Nous leur rappellerons ce qu’ils ont fait, plus d’une fois.Ils vont le regretter. Nous savons ce qu’il faut faire.[Applaudissements]

Nous avons mobilisé nos forces armées, nos services de sécurité et nos instances de police et de justice pour repousser la menace terroriste. Tout le monde doit être conscient de sa responsabilité, y compris les autorités, les partis politiques, les organisations de la société civile et les médias.

La force de la Russie réside dans le libre développement de tous ses peuples, sa diversité, l’harmonie des cultures, des langues et des traditions, le respect mutuel et le dialogue entre toutes les religions, y compris les chrétiens, les musulmans, les juifs et les bouddhistes.

Nous devons fermement résister à toute manifestation d’extrémisme et de xénophobie, tout en défendant notre accord ethnique et religieux, qui est le fondement historique de notre société et de l’État russe.

En 2016, nous allons organiser des élections à la Douma. Je tiens à rappeler aux dirigeants des partis, à tous les participants à la prochaine campagne électorale et à toutes les forces sociales et politiques les mots suivants de notre célèbre historien, Nikolaï Karamzine : « Ceux qui n’ont aucun respect pour eux-mêmes ne peuvent pas espérer être respectés par les autres. Cela ne signifie pas que l’amour pour notre patrie doit nous aveugler au point de nous faire dire que nous sommes meilleurs que tous les autres dans tout ce que nous faisons. Mais Russes doivent connaître leur valeur. »

Oui, nous pouvons débattre des moyens de résoudre telle ou telle question. Mais nous devons rester unis et nous rappeler de ce qui est le plus important pour nous : la Russie. […]

 

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Sources : http://sayed7asan.blogspot.fr/