Les mystères des pyramides

Clin d’oeil à Jacques Grimault

C’est décidé, notre blog s’enrichit désormais d’une nouvelle catégorie d’articles qui seront des extraits d’ouvrages anciens tombés dans le domaine public mais difficiles à trouver sous forme papier. Cette nouvelle catégorie s’intitule tout simplement « Extraits d’ouvrages anciens ».
Nous inaugurons cette nouvelle catégorie avec une série d’articles sur « les mystères des pyramides d’Égypte », un clin d’oeil à Jacques Grimault qui a su donner un nouvel élan à toutes celles et tous ceux qui cherchent à connaître et comprendre notre passé, à aller plus loin dans la connaissance, à connaître la vérité sur ce qui nous entoure. Rendons hommage à Jacques Grimault qui a dû se taire pendant quarante ans avant de se faire entendre, pas pour gonfler son ego comme le font les spécialistes de diverses disciplines scientifiques ou littéraires, ou comme les hommes politiques parasitaires ou ceux pour qui l’ego est l’horizon ultime de la vie, mais pour défendre une vérité longtemps passée sous silence, faute de véritables hommes de science. Oui Jacques Grimault a donné une nouvelle impulsion à la recherche sur l’égyptologie qui s’est sclérosée sur les acquis du XIXe siècle. Il y a de quoi rendre jaloux les égyptologues patentés et « reconnus par leurs pairs ».

D’où sort-il ce Grimault ? De nulle part ! Il a fait ses recherches tout seul depuis l’âge de quinze ans. Un autodidacte alors ? Pas tout à fait car il est quand même passé par l’université. L’ayant entendu aujourd’hui, il est difficile de trouver un autre savant aussi savant que lui [1] , puisque il maîtrise plusieurs disciplines, ce qui n’est plus le cas des savants d’aujourd’hui qui se cantonnent dans leur spécialité et qui sont ignorants sur d’autres domaines. Les égyptologues connaissent-ils la mathématique ? À quoi bon ? Les archéologues connaissent-ils l’astrologie ? Foutaise … Les historiens connaissent-ils l’alchimie ? L’occultisme ? Obscurantiste ! Force est de constater que Jacques Grimault maîtrisent la mathématique [2] , l’archéologie, la physique, l’alchimie, l’histoire, la linguistique, l’astronomie, l’astrologie, etc. Un vrai savant et philosophe dans le sens classique du terme. Mais Jacques Grimault n’est pas simplement une tête bien faite avec plein de connaissances dedans, c’est aussi quelqu’un qui pose de bonnes et de vraies questions sur la vie, la société humaine, la conscience, la morale, la spiritualité ; pour lui les droits de l’homme ne suffisent pas (étant donné les dégâts faits par l’homme aux dépens des autres espèces vivantes et de l’environnement), il faudrait mettre en place les droits de l’âme, ce qui implique tout ce qui est animé par la vie, on rejoindrait ainsi la philosophie des Amérindiens. Il a aussi une conscience élevée sur la vie quand il fait remarquer que dans notre société humaine, les inventions technologiques et scientifiques les plus avancées sont mobilisées pour la fabrication des armes dont le but n’est autre que détruire et tuer la vie. Quel sens alors donner à la vie ? Et tout ceci devient normal, ordinaire sans que personne ne se pose plus la moindre question. Les savants applaudis à l’audimat, les politiques parasitaires qui mènent le destin des humains posent-ils ce genre de question ? On aimerait bien savoir. Comparé aux réalisations telles que les pyramides d’Égypte, l’espèce humaine n’a pas progressé dans les connaissances techniques (puisque l’homme de 2015 est incapable de construire de tels monuments) et encore moins dans la spiritualité.
Ceci nous fait aussi penser aux révélations d’Edgar Cayce  [3] qui affirme qu’entre le Sphinx et la Grande Pyramide, il existe une salle souterraine secrète qui sert de dépôt d’archives de l’histoire de l’humanité sur Terre déposées par les Atlantes après leur migration vers l’Égypte, considérée comme la partie émergée la plus centrale sur Terre et la plus stable sur le plan sismique. Et n’entrera pas dans cette salle qui veut, elle s’ouvrira seulement quand l’homme atteindra une conscience élevée de la vie. L’espèce humaine a encore de beaux jours avant de pouvoir prétendre à cette haute considération.
Si le documentaire « La révélation des Pyramides » a été accueilli avec enthousiasme par une large frange de l’opinion [4] , il dérange l’establishment scientifique ou académique de l’Hexagone, muré dans sa tour d’ivoire et qui rejette tous phénomènes ou faits auxquels il n’a aucune explication satisfaisante ou scientifique. Ce documentaire sur les Pyramides dérange car il pose de vraies questions, de bonnes questions auxquelles aucun scientifique ou prétendu (archéologue, historien…) n’a apporté la moindre réponse acceptable. Pis, le monde dit scientifique préfère ignorer le problème pour ne pas avoir à y faire face. Cette attitude est contraire à la démarche scientifique [5] , c’est une fuite en avant aidée d’une méthode de dénigrement systématique de l’adversaire. Ce monde-là préfère jeter les faits aux orties quand ils ne sont pas conformes à leur petite théorie. Quelle idiotie ! Quel aveuglement ! Ces prétendus scientifiques dénigrent l’adversaire pour le neutraliser : plus d’adversaire, plus de problème ! Dans le cas de Jacques Grimault, un site web a été créé simplement pour le dénigrer, pour créer de la confusion dans les esprits en l’accusant d’imposture. Ce procédé devient systématique quand les tenants du pouvoir, soit-il académique, politique ou médiatique se sentent fragilisés par l’adversaire sur les fondements de leurs explications. Hier on a trouvé quelqu’un pour dénigrer et marginaliser Thierry Meyssan en compilant un ouvrage à cet effet et diffusé à grand renfort. Cette situation nous fait penser à une réflexion de Roger Garaudy qui disait dans un de ses essais : « Dans ton combat contre le monde, le monde seconde le monde. » Oui, on est toujours seuls quand on défend la vérité. Nous sommes donc prévenus : le combat est annoncé ! Et dans ce combat si les uns défendent la vérité, pour les autres c’est le prestige, les intérêts personnels, la corporation, les dogmes voire les profits adjacents. C’est donc un combat faussé à la base car ceux qui défendent purement leurs intérêts n’ont pas intérêt à ce que la vérité soit connue. Dans ce combat comme dans bien d’autres sur d’autres plans, seule la vérité dérange, ceux qui cherchent à la camoufler inventent des explications à l’emporte pièces, sortent leurs armes de destruction massive et campent sur leur dogme pour neutraliser et ridiculiser leurs contradicteurs présentés comme des demeurés, ou conspirationnistes, c’est la dernière mode quand ces prétendus scientifiques sont acculés au pied du mur, car ils n’en savent absolument rien en vérité. C’est d’autant plus facile de neutraliser l’adversaire quand il est seul, ou ne fait partie d’aucune obédience, d’aucun parti, d’aucun groupe de pression. Il suffit de mettre en branle la machine à dénigrer et les loups entrent en action. L’expérience nous montre que ce n’est pas parce que tout le monde hurle avec les loups que les loups ont raison, c’est plutôt le contraire. Le chiens aboient mais la caravane de la vérité doit passer. La vérité ne se compte pas sur le bout des doigts, la raison des plus forts n’est certainement pas la vérité. La vérité n’a pas de frontière, elle ne divise pas, elle s’impose d’elle-même.
Tout cela nous éloigne des extraits que nous voulions vous présenter.
Sur ce blog, nous avons, comme bien d’autres, apprécié son contenu et son approche pédagogique, puis relayé ce documentaire réalisé par Patrice Pooyard à partir des informations fournies par Jacques Grimault et que Patrice Pooyard avait pris le temps de vérifier avant de faire ce film qui fait date. Par la suite nous avons découvert l’hermétisme avec Jacques Grimault, puis de fil en aiguille nous avons trouvé des ouvrages anciens qui traitent entre autres de ce sujet. L’ouvrage dont les extraits vont être présentés ici s’intitule Histoire de la magie du monde surnaturel et de la fatalité à travers les temps et les peuples, de P. Christian, édité à Paris en 1870. C’est en regardant la table des matières que nous avons repéré un chapitre sur Les Mystères des pyramides d’Égypte. La lecture de ce chapitre nous a enchanté, et parmi les mystères évoqués il est question aussi de l’initiation des sages. À titre d’exemple, les philosophes grecs de l’École d’Alexandrie sont tous passés par l’initiation en Égypte avant de regagner leur patrie. Platon est resté auprès des prêtres égyptiens une dizaine d’années après l’épreuve de la sagesse pour poursuivre sa quête de connaissance avant de retourner enseigner en Grèce.
Clin d’oeil au savant car dans cette partie on découvre le sens hermétique, cher à Grimault, de certains choses.
Nous avons avons donc décidé de le publier ce chapitre en « feuilleton », car il fait quand même une cinquantaine de pages format A4, une fois retranscrit et corrigé à partir de la version numérisée. Ce travail de relecture prend aussi du temps mais on n’a rien sans rien.
Bonne lecture.

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Les mystères des pyramides

« Souviens-toi, fils de la Terre, qu’affirmer ce qui est vrai et vouloir ce qui est juste, c’est déjà le créer; affirmer et vouloir le contraire, c’est se vouer soi-même à la destruction.« 

Si les commencements des grandes institutions religieuses de l’Égypte sont obscurs comme ceux de la nation même qui leur dut sa grandeur, ses monuments nous apprennent avec certitude que la théocratie fut son premier gouvernement.
Nous avons vu que, dès les temps les plus éloignés, le prêtre égyptien était aussi le ministre de toute science, réunissant ainsi les deux plus nobles missions dont l’homme puisse être investi, le culte de Dieu et celui de l’Intelligence… Le suprême pouvoir était aux mains du Grand-Prêtre ou Hiérophante (Celui qui PROFÈRE LA PAROLE SAINTE) et ce pouvoir transmettait ses ordres, au nom de Dieu, par l’intermédiaire de prêtres inférieurs, jusqu’aux extrémités du pays. C’est dans la Haute-Égypte que fut d’abord le centre de la vie nationale, autour de Thèbes, la ville sacrée. La population, à mesure qu’elle croissait en nombre, s’étendit sur l’Égypte moyenne, et gagna le Delta, lorsque l’exhaussement du sol par le limon que charriait le Nil combla les marécages de cette région, et permit d’y prendre pied.
La division politique-en trois classes, prêtres, guerriers et peuple, est encore un fait d’une incontestable antiquité. Les guerriers, classe intermédiaire, entretenue par les deux autres pour la commune défense, vivaient dans une orgueilleuse oisiveté. Ils se lassèrent d’obéir au sacerdoce, et, comme ils étaient la force armée, leur soulèvement, sous la conduite de Ménès, n’eut point à soutenir une grande lutte pour remplacer la tiare d’or du pontife par la couronne de fer d’un soldat-roi, Ménès est bien le créateur de la royauté égyptienne; on le trouve ainsi désigné dans la liste des dynasties dressée par le prêtre Manéthon, et sur les inscriptions monumentales des ruines les plus antiques. Mais le pouvoir royal ne pouvait être absolu, car il lui manquait la science, qui ne s’acquiert point par une révolution.
Le sacerdoce, en cessant de posséder la puissance exécutive, ne put donc être dépossédé de l’influence dirigeante chez un peuple éminemment religieux, qui devait au gouvernement théocratique ses institutions primitives, sa morale, ses lois, ses arts. Thèbes ne perdit rien de son prestige, et le roi Menés fut obligé de se créer une capitale distincte, dans laquelle il se fortifia militairement, confessant ainsi que son usurpation n’avait d’autre sanction que la force matérielle.
Cette nouvelle capitale reçut le nom de Memphis. Elle est aujourd’hui complètement effacée de la terre ; les monticules de débris qui poudroient de place en place, entre le Kaire et Sakkarah, ne laissent plus même deviner le plan qu’elle occupait ; le Nil et les sables ont tout enfoui, tandis qu’à Thèbes l’aspect des ruines a conservé quelque chose de la plus haute majesté qui ait jamais apparu dans l’histoire.
Mais, en face du Kaire, le plateau de Gizeh, qui se détache en éperon de la chaîne libyque, porte encore, sur la rive gauche du Nil, trois monuments qui ont défié l’action du temps et des hommes ce sont les Pyramides.
Ces trois masses, à bases carrées, un peu inégales en grandeur, forment par leur situation respective un triangle dont une face regarde le Nord, une autre l’Occident, et la troisième l’Orient. La plus grande, située à l’angle du nord et vers le Delta, symbolise la force de la Nature, la seconde, élevée au sud-ouest, à distance d’une portée de flèche de la première, est le symbole du Mouvement; et la dernière, bâtie au sud-est de celle-ci, à distance d’un jet de pierre de la seconde, symbolise le Temps. Au midi de cette dernière, à une médiocre distance, sur une ligne qui se prolonge de l’orient à l’occident se dressent trois autres pyramides, formant des masses moins considérables, et près desquelles s’entassent d’innombrables pierres colossales que l’on pourrait considérer comme les ruines d’une septième pyramide. Il est, en effet, permis de supposer que les Égyptiens avaient voulu représenter par sept aiguilles, ou conoïdes flammiformes, les sept mondes planétaires dont les Génies régissent notre Univers, et dont Hermès fut le révélateur.
L’origine de ces monuments n’a point de chronologie avérée. Hérodote, le père de l’histoire grecque, prétend que la grande pyramide fut bâtie par le roi Chéops ; Diodore de Sicile l’attribue à Chemmis ; Georges le Syncelle à Souphis ; d’autres lui prêtent pour fondateur Athotès, Thoth ou Hermès.

relevé

La même obscurité enveloppe l’origine des autres: L’historien juif, Flavien Josèphe avance sans preuves que toutes les pyramides sont l’œuvre des Hébreux pendant leur captivité en Égypte, et je ne sais où j’ai lu que 365,000 ouvriers furent employés pendant 78 ans à ce gigantesque travail. Ce problème historique ne sera sans doute jamais résolu, pas plus que tant d’autres sur lesquels s’exercent en vain les rêveries des archéologues. Le rocher qui fournit le socle des Pyramides, présente une surface absolument aride, élevée d’environ 100 pieds au-dessus des plus grandes eaux du Nil, et forme une masse granitique dont on n’a pas trouvé la base en sondant, jusqu’à 200 pieds de profondeur, le puits creusé dans le plus considérable de ces édifices. La base de la plus grande pyramide est longue d’environ 720 pieds il en résulte pour la masse du monument un volume d’environ 75.000.000 de pieds cubes, c’est-à-dire assez de pierres pour bâtir une muraille haute de 6 pieds, qui aurait 1.000 lieues et pourrait faire le tour de la France. Au-dessus de la première assise, encadrée par un fossé très régulièrement creusé dans le roc vif, on en compte 202 autres, placées successivement en retraite, la supérieure sur l’inférieure, et formant autant de gradins. La somme de ces gradins donne à la pyramide, pour hauteur verticale, environ 428 pieds; mais on a reconnu que, dans l’état actuel du monument, deux assises au moins ont été détruites au sommet, et, en tenant compte de cette dégradation, la hauteur totale et primitive devait être de 450 pieds c’est la hauteur du clocher de Strasbourg, ou plus de deux fois celle des tours de Notre-Dame de Paris.
Cette pyramide est orientée avec une extraordinaire précision chacun de ses angles fait face à l’un des quatre points cardinaux. De cette parfaite orientation, l’on a tiré ce fait, d’une haute importance pour l’histoire physique du globe, que depuis plusieurs milliers d’années la position de l’axe terrestre n’a pas varié d’une manière sensible; et la grande pyramide est le seul monument qui, par son antiquité, puisse fournir l’occasion d’une semblable observation. La face Nord-Est est celle où se trouve l’entrée actuelle, au niveau de la quinzième assise, à 45 pieds environ d’élévation au-dessus de la base. Elle était masquée autrefois par une table de pierre qu’un mécanisme faisait mouvoir de droite à gauche, pour donner accès dans un canal incliné, à l’extrémité duquel se trouvait un palier longeant l’ouverture du puits dont j’ai parlé, et qui communiquait avec des souterrains dans lesquels l’air respirable circulait sans doute au moyen de ventilateurs savamment ménagés. De ce palier l’on remontait, par un autre couloir conduisant à deux chambres sépulcrales, placées l’une au-dessus de l’autre, et qui contenaient chacune, quand on les a découvertes, un sarcophage en granit, mais dépourvu de toute inscription.
Or, comme tous les obélisques, toutes les ruines des temples, tous les tombeaux sont revêtus d’hiéroglyphes, la nudité de la grande pyramide assigne sa première date a une époque antérieure, et doit la faire considérer comme le mystérieux témoin de la plus lointaine antiquité. Il est avéré qu’avec tous les progrès des sciences, ce serait, même de nos jours, un problème bien difficile à résoudre que d’arriver, comme les architectes égyptiens de la première dynastie, à construire dans une masse telle que celle des Pyramides, des chambres et des couloirs intérieurs qui, malgré les millions de kilogrammes qui pèsent sur eux, conservent, au bout de soixante siècles, toute leur régularité primitive et n’ont fléchi sur aucun point.
Le Sphinx, accroupi au pied et à peu de distance de la grande pyramide, est taillé dans le granit du plateau, et adhère au sol. Sa hauteur, qui est d’environ 75 pieds, donne une idée de l’énorme travail qu’il a fallu exécuter pour faire le vide autour de lui, et pour égaliser la surface sur laquelle il se dresse. Sa longueur totale est de 120 pieds ; la hauteur, depuis le ventre jusqu’au menton, mesure 50 pieds; depuis le menton jusqu’au sommet de la tête, 25 pieds le contour de la tête, pris au front, 80 pieds. Les assises du granit dans lequel il a été découpé partagent sa face en zones horizontales d’un étrange effet; sa bouche est tracée par une des lignes de séparation des couches.
Une excavation de quelques pieds avait été pratiquée sur la tête, elle servait sans doute à y fixer quelques ornements symboliques, une tiare religieuse, ou une couronne royale. Ce monolithe, d’une teinte rougeâtre, encore debout au-dessus des sables, est d’un effet prodigieux. C’est un fantôme de pierre qui paraît attentif; on dirait qu’il écoute et qu’il regarde ; sa grande oreille semble recueillir le bruit du passé ; ses yeux, tournés vers l’Orient, semblent épier l’avenir; le regard a une profondeur et une fixité qui fascinent le spectateur. Sur cette figure, moitié statue, moitié montagne, on découvre une majesté singulière, une grande sérénité et même une certaine douceur.
La mythologie grecque, inspirée par les contes des voyageurs qui avaient contemplé de loin ce monument, disait que le Sphinx était un monstre moitié homme, moitié bête fauve, dont la bizarre fantaisie posait aux passants épouvantés une impénétrable énigme, qu’il fallait deviner sous peine d’être dévoré.
Œdipe osa tenter l’aventure. Le Sphinx lui demanda quel est l’animal qui marche sur quatre pieds au lever de l’aurore, sur deux au milieu du jour, et sur trois au coucher du soleil. Le héros répondit sans hésiter :« C’est l’homme. » En effet, à l’aurore de la vie, c’est-à-dire à l’âge du berceau, l’homme-enfant se traîne : au milieu du jour c’est-à-dire en sa pleine sève de jeunesse et de virilité, l’homme est debout ; mais au coucher du soleil, c’est-a-dire quand le poids des années a épuise ses forces, I’homme-vieillard marche sur trois pieds, puisqu’il est obligé de s’appuyer sur un bâton. Le Sphinx, qui n’avait sans doute jamais rencontré pareil raisonneur, demeura gueule béante, et Œdipe, profitant de sa surprise, le tua. Cette fable, assez puérile, dénature un magnifique symbolisme égyptien que la philosophie grecque ne connut qu’au temps où Platon, déjà célèbre comme disciple de Socrate, fut initié par les Mages de Memphis, aux mystères d’Hermès-Thoth. Le Sphinx, dont le type original se dresse en avant de la grande pyramide, était reproduit au seuil de tous les temples. C’est bien une énigme de pierre, une préface muette, une clef voilée de la science occulte en voici la description plastique et le sens traditionnel.
Le Sphinx, dont l’étymologie (Σфίγγω) passée dans la langue grecque, exprime l’idée d’embrasser; lier étroitement, est un composé quadriforme, dont l’unité emprunte ses éléments à quatre symboles. Il a une tête de Femme, un corps de Taureau, des griffes de Lion, et des ailes d’Aigle. Cet ensemble présente une physionomie fantastique, mais dont tout caractère de monstruosité disparaît dès que l’esprit des symboles vient en quelque sorte lui donner la vie.
La tête de femme personnifie l’intelligence humaine qui, avant d’entrer par l’action dans l’arène de l’avenir, doit étudier le but de ses aspirations, les moyens de l’atteindre, les obstacles à éviter, les écueils à franchir.
Les flancs de Taureau signifient que l’homme, armé de la science, doit, sous l’aiguillon d’une infatigable volonté et sous le joug d’une patience à toute épreuve, creuser pas à pas le chemin qui mène au succès ou à la chute.
Les griffes de Lion signifient que, pour atteindre le but marqué par l’intelligence, il ne suffit pas de vouloir, il faut oser; il ne suffit pas de travailler, il faut parfois combattre et se faire place par la force.
Les ailes d’aigle, repliées sur la puissante masse du Sphinx, signifient enfin qu’il faut envelopper d’un voile épais ses desseins, jusqu’au moment d’agir avec une résolution qui s’élance, au besoin, sur les hauteurs de l’audace.
L’Hiérophante disait à l’initié « Sache voir avec justesse, et vouloir avec justice ; sache oser tout ce que permet la conscience ; sache te taire sur tes desseins et si, devant ta persévérance, le lendemain n’est que la continuation des efforts de la veille, marche… marche à ton but. Les sept Génies de la Rose-Croix, gardiens de la clef sacrée qui ferme le passé et qui ouvre l’avenir, poseront sur ton front la couronne des Maîtres du Temps! »
sphinxAinsi le Sphinx n’était ni une idole, ni le monstre dévorant qu’avaient imaginé les fables grecques, c’était le symbole de la force incalculable dont peut s’emparer la volonté humaine dirigée par une intelligence d’élite. C’est l’Alpha et l’Omega, le premier et le dernier mot de la haute Initiation.
L’initiation, majesté de la science, ne se communiquait pas indifféremment, même aux membres du sacerdoce égyptien. Il y avait, au sein des collèges sacrés, une hiérarchie d’aptitudes et de fonctions, une échelle de grades scientifiques à chacun desquels était attachée une épreuve. Chaque épreuve donnait la mesure du degré d’intelligence et de force morale auquel était parvenu l’initié. Celui qui chancelait dans une de ces épreuves ne pouvait être admis à la subir une seconde fois. Si c’était un fils de Mage, il demeurait au point qu’il n’avait pu dépasser on lui conférait, dans les temples, un emploi en rapport avec ses facultés naturelles, mais l’accès des dignités supérieures lui demeurait fermé.
Si le récipiendaire était un étranger, il devait d’abord se soumettre à une rigoureuse enquête sur ses antécédents et si le résultat de cette enquête lui était favorable, le collège réuni autorisait ou refusait, par un vote secret, l’admission aux épreuves. En cas d’admission, la première épreuve était assez terrible pour le faire reculer s’il n’avait point une âme fortement trempée, et alors il pouvait se retirer librement. Mais si l’épreuve était franchie, si les premiers symboles de la science occulte lui avaient été découverts et expliqués, et s’il venait à défaillir dans une des épreuves suivantes, une loi redoutable inflexible, le condamnait à périr dans l’enceinte mystérieuse : il ne revoyait jamais la lumière des cieux.
Les philosophes grecs Thalès, Pythagore, Platon et Eudoxe, furent les plus célèbres étrangers qui traversèrent avec succès les phases de l’initiation. Pythagore eut pour maître l’archi-prophète Sonchis. Platon, d’après le témoignage de Proclus, fut enseigné, pendant treize ans, par les Mages Pathenéitb, Ochoaps, Sechtnouphis, Etymon de Sebennithis. Ainsi la fameuse doctrine qui a conservé le nom de platonicienne, et qui a exercé une si grande influence sur le développement philosophique des idées chrétiennes, est sortie des sanctuaires de Memphis, la ville de Menés, et d’Héliopolis, la ville du Soleil.
Jamblique, de Chalcis en Coelé-Syrie, qui vivait dans la première moitié du IVè siècle de notre ère, nous a laissé un traité des mystères égyptiens, dans lequel sont relatées les principales scènes des épreuves de l’Initiation [7]1. Ce très curieux souvenir de l’antiquité mérite que nous nous y arrêtions un moment.

[À suivre]

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Les illustrations de cet article sont extraites de l’ouvrage de :
William Fix & Dorothée Koechlin de Bizemont, Edgar Cayce: La grande pyramide et l’Atlantide, Éditions du Rocher, 312 p. 1990.

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Notes :

[1]. Il existe sans doute d’autres savants mais qui souhaitent demeurer dans l’ombre pour des raisons qui les regardent.
[2]. Il a même un projet de réformer la mathématique selon ses dires dans une émission sur Radio Ici & maintenant, un entretien qui dura plus de 6 heures, un record.
[3]. Voir l’ouvrage de Dorothée Koechlin de Bizemont, L’univers d’Edar Cayce, tome1, Ed. Robert Laffont, 1985, 409 p.
[4]. Les discussions animées et passionnées dans le forum créé à cet effet le prouvent.
[5]. Rappelons que Claude Bernard a identifié le problème : « Quand le fait qu’on rencontre ne s’accorde pas avec une théorie régnante, il faut accepter le fait et abandonner la théorie. »
[6]. Cet article et ses suites qui vont suivre sont extraits de l’ouvrage de P. Christian (1811-1872), Histoire de la magie du monde surnaturel et de la fatalité à travers les temps et les peuples, Paris, 1870.
Les notes qui vont suivre sont d’origine. Nous n’avons pas touché au texte original.
[7]. IAMBΛIXOY, Περì Μυστηρίων λόγος, Iamblichi De mysteriis Ægyptiorum, in fol, (Oxonii 1678).

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