Tutelles, nos parents spoliés

« En France un million de personnes sont sous la protection de la justice : des personnes âgées mais aussi des jeunes, des victimes de la maladie d’Alzeimer, des handicapés. On les appelle les majeurs protégés. » La justice ne dispose que de 80 juges et de 120 greffiers qui ont aussi autres choses à faire qu’éplucher les comptes des personnes sous tutelle, soit 5 000 dossiers chaque année par un seul magistrat. Tâche impossible à faire faute de temps. Mais rien n’a été fait pour changer la situation. Les mauvaises langues diront que c’est grâce justement à ce « faute de temps » que les autorités du tutelle peuvent agir en toute impunité.
Deux ans d’enquête pour aboutir au scandale : « L’homme est un loup pour l’homme » , dit le médiateur dont on a supprimé le poste.
La loi est pourtant formelle : « Dans la mesure du possible, la personnes doit rester dans son environnement, c’est-à-dire chez elle… Il faut que la personne soit maintenue dans ce qui a fait leur vie », mais la réalité est à dix mille lieux du discours officiel. En principe seules les personnes dépendantes (handicapés, invalides, malades atteints d’Alzeimer…) sont placées sous tutelle, mais celles dont on suit le calvaire dans ce documentaires ne présentent aucune défaillance psychologique, mentale ou intellectuelle, l’une d’entre elles a encore la force, le courage de se défendre, et pourtant ceux qui sont en charge de tutelle ont trouvé les moyens de les placer, de les « fragiliser financièrement » pour les neutraliser.
En somme, dans ce système de libre entreprise, le libéralisme basé sur les profits, une petite minorité ayant pignons sur rue capte les ressources des autres en toute légalité donc dans toute impunité. Dans ce cas d’espèce, ceux qui prétendent de s’occuper des personnes dépendantes ont mis en oeuvre un véritable système de spoliation sans être inquiétée. La morale à tout ça ? Quand on est seul et qu’on n’a pas le sous le système nous laisse pourrir dans notre petit coin, et quand on a des sous, il fait tout pour nous pousser à mourir à petit feu, d’épuisement moral et matériel au profit de ceux qui prétendent de s’occuper des autres (de leur patrimoine, de leur compte en banque, des tâches quotidiennes, etc). La réalité montre que les isolés, les faibles sont écrasés par une machination qui ne laisse rien au hasard. Les fauves ne font pas différemment puisqu’ils s’attaquent de préférence aux faibles.
À un autre niveau, dans la partie débat, on constate que ceux qui représentent l’autorité de tutelle (juges, notaires et tuteurs impliqués) brillent par leur absence sans qu’on en donne aux spectateurs les raisons. Voilà un exemple de ce qui est non dit a plus de sens que ce qui est dit dans un discours, car le débat n’apporte rien de plus dans ces conditions comme éléments de compréhension par rapport à l’enquête proprement dite. C’est même un recul.
Un documentaire d’Alexandra Riguet de FR.3, à qui on dit vraiment « chapeau »

Ière partie :

2nde partie :