Petit dossier sur la FrançAfrique

De toutes les colonies qui ont obtenu leur indépendance du moins formelle, l’Afrique semble souffrir le plus des retours de bâtons néocoloniaux. Plus les pays occidentaux « aident » l’Afrique à se développer plus celle-ci sombre dans le désastre. Notez aussi que les pays occidentaux sont capables d' »aider » les pays pauvres d’Afrique et d’ailleurs pendant ce temps-là leurs citoyens déclassés par le libéralisme se retrouvent rejetés, désœuvrés par milliers sinon par millions, n’ont plus que les trottoirs des grandes villes, ou le métro de Paris pour se poser le derrière, on les appelle pudiquement les SDF, ils errent dans l’indifférence totale comme des zombis à la recherche d’une lueur d’espoir. Quelle générosité et quelle humanité de la part des pays donateurs ! Mais revenons à nos misères : quelle est la cause du désastre africain ? Les dictateurs, dit-on. Mais on ne nous dit pas qui les ont installés, qui continuent à garder des relations, intimes parfois, avec ces dictateurs, qui profitent du pétrole et des richesses minières immenses de ce continent, qui ont fait disparaitre des leaders démocrates, des patriotes qui ne se sont pas laissés corrompre, pour les remplacer par des hommes de paille, despotes, tyrans ou dictateurs.
Force est de constater que tous ceux qui se sont dressés pour dénoncer la main mise de l’Occident sur la l’Afrique, sur leur pays et leur richesse, pour essayer de mettre en place un autre modèle plus respectueux de l’humain, de l’environnement, de la liberté, de la démocratie véritable, tous ceux qui ont essayé de se soustraire de la tutelle néocoloniale ont trouvé des assassins sur leur chemin, ou bien ce positionnement a fourni des prétextes aux anciens coloniaux d’intervenir directement ou indirectement avec leurs forces militaires, et si besoin des mercenaires de tout poil, pour rétablir l’ordre colonial. Plus pernicieux encore : pendant qu’on assassine, fomente des coups d’État, on fait courir la rumeur qui fait des Africains des enfants, des incapables de se gouverner seuls sans l’aide de leurs protecteurs coloniaux. Dans les années 1980 on entendait dire aussi la litanie : « Le seul pays d’Afrique qui marche c’est l’Afrique du Sud », sous-entendu qu’elle était dirigée par des Blancs, et on gomme dans son discours l’Apartheid. Un hasard ? Pensons à :

  • Nasser qui nationalisa le Canal de Suez en 1956 et l’intervention anglo-française qui s’en suivit ;
  • Mulumba qui affirma l’indépendance du Congo face aux forces colonialistes belges et leurs alliés, et qui finit par être assassiné par elles ;
  • Thomas Sankara avec sa volonté de construire un Burkina-Faso véritablement démocratique en mettant sur pied une politique de redressement national pour éliminer les causes de soumission et retrouver la dignité. Il a été abattu par une rafale de mitraillette crachée par un commando [1].
  • le Dr. Outel Bono du Tchad, homme de gauche très populaire et apprécié des siens finit par se faire assassiner en France au profit des dictateurs soutenus par la FRAAAAANCE ;
  • Sylvanus Olympio qui a été assassiné deux jours avant « la signature des accords qui doivent sceller la rupture entre la Banque de France et son homologue togolaise ». Olympio voulait que son pays, indépendant, pût jouir d’une souveraineté monétaire; [2].
  • Kadhafi avec l’intervention de l’OTAN à l’heure actuelle.

La liste serait longue si on doit aligner toutes les victimes d’Afrique du néocolonialisme maléfique et corrupteur. Notons simplement que ce schéma s’appliquait aussi à l’Amérique latine et ailleurs, seule différence, celle-ci constituait la chasse gardée des États-Unis : on éliminait les dirigeants intègres tels que l’argentin Che Guevara, le Chilien Salvador Allende, le Guatémaltèque Jacobo Arbenz pour ne citer que les plus connus, au profit des dictateurs plus accommodants, plus dociles, plus maniables donc plus corrompus. Pour les pays développés d’Occident, il va de soi qu’il est préférable, plus confortable de traiter les affaires avec des dictateurs corrompus ou des hommes de paille qu’avec les dirigeants intègres. Pensons également à Evo Morales et Hugo Chavez à l’heure actuelle, qui veulent se défaire des liens d’exploitation avec les États-Unis, et les calomnies déversées à leur encontre, les tentatives d’assassinat qui les prennent pour cibles, etc. On en est toujours là.

Il est grand temps d’appeler un chien un chien, de dénoncer ces emprises sur les anciennes colonies maintenues en dépendance par bien des méthodes honteuses. C’est dans cette optique que nous mettons en ligne un petit dossier sur les relations entre l’Afrique et l’Occident dont celles avec la France qui ont défrayé les chroniques : la FrançAfrique.

On en est encore loin du compte mais il faut bien un début à tout. Ce dossier sera mis à jour régulièrement au fur et à mesure et en fonction des sources disponibles pour pallier les lacunes.

  • Françafrique l’envers de la dette : une conférence de François-Xavier Verschave en 5 séquences :
  • 1ère séquence :
  • 2è séquence :
  • 3è séquence :
  • 4è séquence :
  • 5è séquence :

Quelques ouvrages de François-Xavier Verschave :

  • La Françafrique. Le plus long scandale de la République, Stock, 2003
  • L’Envers de la dette. Criminalité politique et économique au Congo-Brazza et en Angola, Éd, Agone, 2002.
  • De la Françafrique à la Mafiafrique, Éd. Tribord, 2004.
  • Noir Chirac – Secret et impunité, Éd. Les Arènes, 2002
  • Petit guide de la Françafrique. Un voyage au coeur du scandale :http://survie.org/publications/brochures/article/petit-guide-de-la-francafrique

On peut compléter cette liste avec l’ouvrage de :

  • Patrick Pesnot, Les dessous de la Françafrique. Les dossiers secrets de Monsieur X, Éditions Nouveau monde, 2010, 511 p.

Autres pièces du dossier :

Dans ce reportage exclusif qui suit, vous verrez comment l’Afrique Centrale a été dévalisée de son uranium, son or, son ivoire et ses diamants par… Par qui ? La France sous Giscard d’Estaing avec l’aide de la Suisse. Ce documentaire, interdit dans les grands média, témoigne à quel point l’Afrique n’est qu’une « ressource » exploitable… C’est l’une de ces histoires qui ont émaillé la politique africaine, à la seule différence qu’elle est racontée ici, par l’un de ses principaux acteurs.

Incroyables Révélations de Bokassa – (Entrevue interdite). Merci à Polycarpe Kalembwe d’Atlanta qui nous a signalé ce documentaire) http://www.youtube.com/watch?v=U8sdIc1TVws&feature=player_embedded

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Note :
[1]. Les comploteurs ont même trouvé un médecin pour attester que Thomas Sankara est mort de mort naturelle. Incroyable mais vrai. Ces gens-là n’ont pas peur du ridicule. Voir : Patrick Pesnot, Les dessous de la Françafrique, Éditions Nouveau Monde, 2010, p. 56.
[2]. op.cit., p. 133.

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