Archives du mot-clé parlemantarisme

Jean Lepeu. Un destin ordinaire – suite

vignette
« Les lois oppriment seulement ceux qui ne songent pas à les enfreindre; en revanche, elles n’ont jamais été un obstacle pour ceux qui sont décidés à ne subir aucune contrainte.« 

Historiquement, la bureaucratie est sortie du bailliage. Le scribe qui, dans un bureau, traite grossièrement le citoyen appelé devant lui, est l’héritier du prévôt ou surveillant qu’un despote, aux siècles de ténèbres, plaçait au-dessus de son peuple d’esclaves pour maintenir celui-ci dans l’obéissance, à l’aide du fouet et de la lance des cavaliers de sa garde du corps. L’employé étant une particule de la grâce de Dieu, revendique pour lui- même infaillibilité divine il est au-dessous du chef suprême de l’État, mais au-dessus des gouvernés. Ceux-ci étant le troupeau dont le chef de l’État est le pasteur, l’employé est le chien de berger. Il a le droit d’aboyer et de mordre, et les moutons doivent le subir. Et les moutons le subissent aussi !
Le citoyen ordinaire -celui de l’espèce de mon Jean – entre pleinement dans les idées de l’employé. Il lui reconnaît le droit de commander et accepte pour lui le devoir d’obéir, il se rend auprès de l’autorité, non comme pour réclamer ce qui lui est dû, mais comme pour implorer des faveurs. Il serait, du reste, insensé de vouloir se cabrer contre cette situation paradoxale, car, dans une lutte avec l’employé, celui-ci resterait probablement vainqueur, et même, au cas le plus favorable, les intérêts du citoyen subiraient pendant la durée de la lutte des délais et de graves atteintes de tout genre. La fiscalité a pour pendant le mandarinisme; tous deux sont des déductions logiques de la conception d’un maître par la grâce de Dieu et d’un assujettissement par le courroux de Dieu. Lire la suite