Sans équivoque
« Wall Street c’est l’omerta… Les seuls bénéficiaires de la crise sont ceux qui l’ont provoquée et ils n’accepteront jamais de vous parler…Vous voulez que je vous dise explicitement, eh bien, comme tous ceux qui travaillent ici, je suis profondément indifférent aux réalités que vous évoquez [les effets de la crise sur l’économie, l’emploi, paupérisation des masses…]. C’est le problème des politiques. Je vais vous révéler quelque chose : ici nous sommes toujours gagnants… Propos d’un vice-président d’une grande banque d’investissements de Wall Street recueilli par Éric Laurent, La face cachée des banques, Plon, 2011, p. 61.
Édito
Les jours se suivent et les crises se ressemblent. Dans les années 1980 l’Argentine était l’élève choyée des institutions monétaires (BM, FMI…) puisque ce pays a procédé à toutes les réformes qu’elles lui avaient suggérées (privatisations de services publics, libéralisation de l’économie, endettement, compression des effectifs de l’appareil d’État, etc.). Malgré toutes ces recommandations, l’Argentine se trouva en crise, ce fut l’explosion puis le chaos dans la deuxième moitié des années 1990. Les créanciers, eux, s’en lavèrent les mains.
Depuis deux ans la Grèce a appliqué les consignes strictes de l’Union européenne pour pouvoir bénéficier de ses prêts. Et la Grèce se trouve aujourd’hui au bord de la faillite, dernière étape avant l’explosion sociale et la crise totale. Le premier ministre Papandréou a tenté de retarder cette crise en proposant un référendum. Mal lui en a pris : c’est tout ce qu’il ne faut pas faire. L’Europe lui a tiré les oreilles et lui a intimé l’ordre de revenir sur sa décision de remettre ce choix au peuple grec. Le message est clair : les affaires importantes de la nation ne doivent pas être décidées par le peuple mais par leurs représentants. Si quelqu’un a encore des illusions sur la démocratie réelle de l’Union européenne, il en trouve dans cet épisode de crise grecque une belle illustration. Lire la suite