C’est ainsi que…
Au début des années quatre-vingt-dix, un capitaine français séjournant aux Comores où il avait été, à l’origine, détaché au titre de la coopération militaire, fut effaré par les trucages électoraux. Des Français étaient au cœur de la manipulation qui avait permis l’élection du président Djohar.
Le capitaine rédigea un rapport. Il le remit à Jean-Michel Belorgey, qui présidait alors la commission des Affaires culturelles, familiales et sociales de l’Assemblée nationale et, surtout, l’intergroupe des parlementaires membres de la Ligue des droits de l’homme. Le député avait quelques entrées à l’Élysée. Il y transmit le rapport, en ajoutant le compte rendu de son entretien avec l’officier.
Quelques semaines plus tard, la famille du capitaine apprenait son assassinat dans des conditions particulièrement sauvages, qu’il est impossible de décrire ici sans ajouter à l’horreur du crime. Elle n’a jamais pu obtenir le rapport d’autopsie, ni bien sur de suite judiciaire, que ce soit aux Comores ou en France.
Ce capitaine est mort d’avoir cru en la démocratie. Il a rejoint celles et ceux qui ont appris, parfois dans leur chair, le prix du plus long scandale de la République.
[Extrait de François-Xavier Verchave, La Françafrique. Le plus long scandale de la République, Stock, p. 11.]