Bulletin du 8 mars 2013

Sans équivoque

– Savez-vous pourquoi il n’y a pas de coup d’État aux États-Unis ?
– Parce qu’il n’y a pas d’Ambassade américaine aux États-Unis.
(Michèle Bachelet, présidente du Chili)

Edito

Le dictateur est mort !

Viva el dictador !

Viva !

Dans l’ancien régime, quand on annonçait en France Le roi est mort, le peuple répliquait : Vive le roi !

On vient d’apprendre au milieu de la semaine la mort de Hugo Chavez que beaucoup considèrent comme dictateur, communiste, socialiste (« Quelle horreur ! », comme l’a dit Christine Ockrent en ricanant quand une jeune journaliste lui posa la question sur le sens de sa participation aux réunions des Bildelbergers en tant que journaliste).

On ne peut être que dictateur quand on s’oppose à la domination de l’Empire états-unien, d’ailleurs Chavez n’est pas le seul, on trouve aussi dans l’ordre chronologique les plus décriés : Fidel Castro, Mahmoud Ahmadinejad. D’ailleurs ce sont des journalistes qui nous l’apprennent, ça ne peut qu’être vrai, non ? Problème : certains traitent ces derniers de « chiens de garde », c’est excessif et extrémiste, ils ne font qu’aboyer pour défendre leurs maîtres.

Comme disait Gramsci, « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres », des monstres il y en a beaucoup mais ils ont pris l’apparence des humains, ce qui leur permet de ne pas être démasqués par le premier venu. Ils utilisent le langage des humains pour mieux tromper les gens crédules.

Ces monstres ont même réussi à former un clan, celui des monstres baptisés selon les circonstances « démocrates », celui qui se réclame des « droits-de-l’homme », qui soutient des interventions armées contre des pays riches en matières premières mais sans moyens de défense, des guerres préventives, d’occupation et de spoliation.

Pour eux, un million de morts c’est rien, au moment où ces morts peuvent leur rapporter des millions. Rien ne compte à leurs yeux à part les profits, les intérêts, les gains. Tout le reste n’est que baliverne. On les a vus encore à l’oeuvre lors du scandale du Sida : interdiction aux pays de Sud de fabriquer des génériques pour les revendre moins cher aux malades, les sidaïques n’ont qu’à acheter plus cher du vrai produit fabriqué par BigPharma même si ses droits sur les redevances sont épuisés.

Ces monstres sont à l’ONU, dans la Finance, dans les capitales occidentales, etc. Et quiconque s’oppose à leurs stratégies ne pourra dormir tranquille. Mais par ailleurs, des pantins placés par ces monstres à des postes de responsabilités dans d’autres pays qui ne font que dilapider le budget national, enfoncer le pays dans la misère, la dette, la dépendance, les guerres fratricides sont reçus avec le tapis rouge pour flatter la petitesse de leur esprit. Ceux qui ont pris le pouvoir par la force et fait disparaître par la suite des milliers de combattants, torturer des milliers d’autres, on ne les appelle pas des dictateurs puisqu’ils sont « des amis » qui ont permis à l’Empire de se glorifier. La litote de «hommes forts », ou de «régimes d’ordre » convient mieux à leur langage monstrueux.

Mais avec Chavez les monstres sont tombés cette fois sur un os difficile à ronger, ils n’ont pas obtenu ce qu’ils voulaient. Avec les autres, il suffisait d’un coup d’État, d’une corruption, d’une rivalité, d’une chasse à l’homme pour s’en débarrasser pour de bon : nombre de dictateurs du Tiers Monde (selon la terminologie des années 1950, 1960, 1970) comme Patrice Lumumba, Salvador Allende, Che Guevara, Thomas Sankara, etc., ont ainsi été éliminés par l’Empire des monstres, car ils gênaient sa marche. Ce dictateur de l’Amérique latine n’a pas agi comme on l’attendait de lui : lors des catastrophes naturelles, il ouvrait son palais pour accueillir les sinistrés, il combattait l’obscurantisme, il garantissait que le peuple doit avoir son mot à dire sur le destin du pays. Depuis son règne absolu, le peuple respire, discute, fait des projets, donne son avis, va à l’école, se fait soigner sans bourse délier, la pauvreté a diminué, les jeunes vont à l’université, les gens accèdent à leur dignité, bref le peuple a retrouvé sa confiance en soi. Le pays ne s’enfonce pas dans les dettes assassines. La manne pétrolière permet de distribuer la richesse à tout le monde au lieu d’aller dans les poches de compagnies pétrolières étrangères. Le crime signé ! Il a même humilié les États-Unis en fournissant de l’aide aux pauvres États-uniens sous forme de combustibles pour se chauffer l’hiver.

Dans son pays, il représente pour qui le cousin, pour qui d’autre le frère, le tonton, le fils, le neveu, etc. Sale dictateur populiste. Même un coup d’État n’a pas suffi à le déloger pour dire qu’il est un véritable dictateur comme on n’en a jamais vu. Lors de l’investiture de son mandat présidentiel, le peuple du Vénézuéla a pris possession de la rue en son absence, les voyous, car, atteint d’un cancer, on l’a dépêché à Cuba chez un autre dictateur pour une hospitalisation. On vous l’a dit ceux qui se ressemblent s’assemblent !

Mais le temps a passé. Le peuple vénézuélien s’est réveillé, il ne veut plus courber l’échine au son des trompettes de la Finance, il défend son président élu et réélu, – sans jamais atteindre le score respectable voisinant les 100% du Vatican – , pour ce qu’il a fait pour lui. Il défend son frère, son fils, son cousin, son neveu, son tonton, etc. qui n’a jamais caché de trésors dans les paradis fiscaux créés par les monstres pour eux-mêmes, comme le font les autres pantins ou leurs maîtres occidentaux. Depuis son arrivée au pouvoir, non seulement il n’a emprunté ni au FMI ni à la Banque mondiale mais en plus il contribue à la hauteur de 2 milliards de dollars à leur banque latino, pour dire qu’il se moque de nous, qu’il nous casse la baraque. Alors que nos institutions ont été conçues et faites pour ça ! Vous vous rendez compte du manque à gagner pour ces institutions et les bonnes âmes qui les font travailler. Voilà le portrait.

L’Empire et ses ramifications avec leurs bonnes paroles, leurs démocraties de pacotille, leurs libertés de spolier et d’écraser les autres, peuvent-ils sortir de leur histoire un président aussi estimé et aimé de son peuple comme son frère, son cousin, son fils, son tonton, son neveu, que ce dictateur dont la vision n’est pas la domination ou la conquête d’autres nations ?

Un dictateur comme lui, on s’en contente. Et pour rien au monde on ne l’échangera contre un soi-disant démocrate du genre Obama, Bush, Clinton, Blair, Sarkozy, Hollande, Aznar, Gonzales, Juan Carlos, Merkel et Cie. Qui vivra verra. On verra quand tous ces démocrates quitteront ce monde s’il y a dans la foule, si foule il y aura, quelqu’un qui verserait une larme pour eux comme le peuple vénézuélien qui pleure en ce moment son « presidente », alors que certains n’ont pas hésité à leur jeter des pierres de leur vivant.

Alors Viva el dictador !.

Que ton âme se repose en paix, mon frère, mon cousin, mon fils, mon tonton, mon neveu, etc., en compagnie d’autres Justes qui ont donné de leur vie pour la dignité de l’espèce humaine.

 

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Vu les circonstances de deuil au Vénézuéla, une chanson d’Ali Primera, Techos de Carton, que nous avons signalée il y a peu de temps, semble y convenir :

Retrouver les paroles de cette chanson

 

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Une réflexion au sujet de « Bulletin du 8 mars 2013 »

  1. Gitano

    Frère Tonton Fiston Président Commandant Hugo Chavez va nous manquer, à nous les vivantes et les vivants.
    Mais le peuple du Venezuela a repris confiance en soi.
    C’est son cadeau d’adieu. Il peut en être fier et heureux et nous aussi. Il aura des millions de successeurs.

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